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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

La petite fille et le pull-over…

Dans les affaires criminelles, le public, plus ou moins bien informé, ne peut s'empêcher de se forger ses propres convictions...

Une fillette joue avec son frère et un petit chien au bas d’un immeuble. Scène ordinaire d’une fin de  matinée de printemps… Pourtant, c’est le début d’une histoire qui va déchaîner  larmes et  passions. Maria-Dolores Rambla, huit ans, va disparaître, enlevée en plein jour dans un quartier de Marseille. Et c’est un accident anodin de la circulation, un accrochage survenu en périphérie de la ville, qui va mener la police jusqu’au corps de l’enfant, sans vie, puis sur les traces de son assassin. Quelques mois plus tard, Christian Ranucci, un homme de 22 ans, sera condamné à mort puis exécuté un petit matin de 1976 à la prison des Baumettes …

Pull-over rouge

Pourquoi se passionne-t-on pour les faits divers les plus morbides ? Est-ce pour ce qu’ils charrient de moins avouable en nous ? Ou bien par identification à une victime, par empathie pour ses proches voire pour l’accusé ? Est-ce l’environnement du fait divers qui détermine notre degré d’intérêt ? L’affaire Ranucci, survenue au milieu des années 70, dans un climat surchauffé , a en tous cas frappé les esprits plus que toute autre. Tant par son déroulement que par son dénouement.

Un livre contre des preuves

L’observateur, même lointain, d’un tel drame finit généralement par se forger sa propre intime conviction, sans forcément avoir accès aux  éléments du dossier.

Selon l’écrivain Gilles Perrault, Ranucci était innocent. Il écrivit, en 1978,  Le pull-over rouge,  un brillant plaidoyer en ce sens  qui fut un succès de librairie. Brillant mais pas forcément convaincant… Les indices désignant le jeune homme comme le meurtrier, au-delà de ses propres aveux, se révélaient nombreux et concordants jusqu’à constituer des preuves aux yeux de la Justice… Le public, dans sa majorité, a en tous cas gardé la mémoire de Christian Ranucci comme le dernier condamné guillotiné en France. Une idée colportée au fil des années  qui ne correspond pas à la réalité historique :  la dernière tête qui tomba fut celle d’Hamida Djandoubi le 10 septembre 1977 à 4h40 du matin.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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