Bibliothèque Métropolitaine de l’Hôtel-Dieu : c’est le nom définitif du grand équipement métropolitain imaginé par le cabinet d’architectes londonien Stanton Williams dans le cadre de la réhabilitation du plus ancien bâtiment de l’Hôtel-Dieu de Clermont. Construit aux alentours de 1770 par l’architecte François-Charles Dijon à qui l’on doit également la Halle aux Blés, il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. L’ancien hôpital du XVIIIe siècle va se métamorphoser

, offrant à l’horizon 2025, un nouveau visage et 10 000 m² entièrement dédié à la culture. Bien plus qu’une bibliothèque, il sera un véritable lieu de vie et de médiation dont la symbolique première pierre vient d’être posée.

Questions à Isabelle Lavest, adjointe à la culture  de Clermont et vice-présidente de la métropole.

7 Jours à Clermont : Comment avez-vous vécu la pose de la première de la future Bibliothèque métropolitaine de l’Hôtel-Dieu ? 
Isabelle Lavest : J’ai beaucoup de chance, car arrivée à la métropole en 2014, j’ai déjà vécu l’ouverture de La Comédie scène nationale signée par un grand prix d’architecture. C’était une première fierté et voici un autre chantier emblématique. Des chantiers de cette taille là, à l’échelle de la métropole et même à l’échelle nationale, il n’y en a pas tant que ça. On est sur la réhabilitation d’un hôpital du XVIIIe avec des contraintes patrimoniales très fortes et on passe sur un bâtiment d’environ 10 000 m². Pour référence l’actuelle bibliothèque de Clermont centre fait 1 200 m².

7JàC : La Bibliothèque Métropolitaine de l’Hôtel-Dieu sera un vaisseau amiral ?
I.L : Oui car au delà de cette bibliothèque métropolitaine, il faut parler d’un réseau de lecture publique, avec un quinzaine d’équipements sur les 21 communes de la métropole. On a en gros 900 000 visiteurs par an sur ces équipements et on estime que demain dans cette bibliothèque  on aura, chaque année, un million de visiteurs.

7JàC : Pourquoi  une telle surface ?
I.L : On a des normes très précises en fonction du cœur de ville et du nombre d’habitants. On est presque, au mètre carré près, sur les préconisations du Ministère de la Culture qui nous accompagne sur le projet via le DRAC. L’idée n’était pas de se caler dans le bâtiment en se disant il est grand donc va faire une grande bibliothèque mais de répondre à la nécessité imposé par le réseau de lecture publique. Pour le centre de Clermont ce besoin était de 10 000 m².

7JàC : On parle de « bibliothèque tiers-lieu » 
I.L : Le jargon ministériel a un peu évolué… ces lieux ne sont plus seulement des bibliothèques mais de vrais lieux de culture. Ici, ce sera même un lieu familial et touristique. On pourra venir bouquiner dans le jardin de lecture ou chercher de la documentation sur le territoire UNESCO, en particulier patrimonial. Je rappelle aussi que la bibliothèque du patrimoine et ses collections absolument fabuleuses va arriver ici avec une mise en valeur extraordinaire. Au delà des collections qui sont le pilier fondamental d’une bibliothèque, des lieux comme celui-ci sont des lieux de culture, de médiation, d’accueil d’association, d’expositions, de concerts… l’auditorium fera 200 places.

7JàC : Pensez-vous que les clermontois vont s’approprier facilement le lieu ?
I.L : Souvenez-vous l’intérêt montré par le public lors des rendez-vous Effervescences alors que l’Hôtel était une friche. L’appropriation ne fait aucun doute. En plus, en prémisse du chantier, on a fait une collecte auprès d’ouvriers qui se voyaient détruire le grand site de l’hôpital et ses lieux emblématiques ou de gens qui avaient vu naître leurs enfants à la maternité… les témoignages en disaient long sur le souhait de voir ce lieu revenir incarner quelque-chose de fort dans la ville. On aurait pu avoir un projet immobilier…mais je crois que ce lieu qui a été un hôpital mais aussi un lieu d’enseignement de la médecine et qui devient aujourd’hui un lieu de culture, c’est le plus beau cadeau que l’on pouvait faire au territoire. La boucle est bouclée.

7JàC : Une bibliothèque est-elle encore adaptée aux attentes des jeunes que l’on dit accros aux écrans ?
I.L : En fait, on a de très nombreux jeunes lecteurs, ce n’est d’ailleurs pas spécifique à Clermont. Mais on a souvent cette image des jeunes qui ne lisent plus, c’est la même chose pour le spectacle vivant… mais l’appétence pour la lecture existe bel et bien. Je crois que cela vient aussi du talent des équipes de bibliothécaires qui arrivent à créer un lien et à le conserver.

7JàC : Quelle sera la place du numérique dans cette bibliothèque ?
I. L : On en discute beaucoup… le numérique n’est pas tabou chez nous. On parle de lectures numériques, d’espaces dédiés aux jeux qui sont de nouveaux outils de médiation. Quand on parle de jeune public, il y a une évidence vis à vis du numérique pour les plus jeunes et un vrai sujet sur les publics adolescents. Il ne suffit pas d’avoir des mangas pour se dire c’est gagné, ils vont venir. En fait, il faut avoir toute l’approche des nouvelles technologies mais aussi du vivre-ensemble dans une bibliothèque de cette nature où l’on retrouve des jeunes mais aussi des gens qui se sentent isolés, des gens du troisième âge qui ont envie de lire la presse. On s’est posé la question de la création d’un outil intelligent où finalement le brassage des générations est possible. Nous avons passé de très longues heures sur ce sujet, j’espère que l’on aura rempli ce défi.