Dans le centre de Clermont, les travaux préparatoires à la transformation du bâtiment le plus ancien de l’Hôtel-Dieu en bibliothèque métropolitaine, (le terme médiathèque serait d’ailleurs plus approprié) étant terminés, la phase construction et aménagement va pouvoir débuter. La récente pose de la première pierre de cette phase est le symbole d’une évolution pour le moins spectaculaire.
9571 m² entièrement dédiés à la culture
La future Bibliothèque Métropolitaine de L’Hôtel-Dieu, c’est son nom définitif, représentera 9571 m² entièrement dédiés à la culture. 6 pôles thématiques étendus sur près de 2400 m² abriteront de nombreuses collections de livres, revues, CDs, DVD, jeux vidéos… à disposition des 500 000 visiteurs attendus chaque année. Au centre du bâtiment en U, dans l’ancienne cour d’honneur, une extension tout en transparence regroupera différents espaces et un amphithéâtre de 200 places. La bibliothèque sera ouverte vers l’extérieur avec une perspective sur le puy de Dôme et un jardin de lecture de 3600 m² bénéficiant des 80 arbres dont 50 historiques, un héritage du passé.
Un cabinet d’architectes londonien
Le projet de l’Hôtel-Dieu est traité par le cabinet d’architectes londonien Stanton-Williams. « Ce n’est pas notre premier projet en France » explique son directeur Patrick Williams. « Nous avons travaillé sur le Musée d’art de Nantes et un de mes collègues à même travaillé sur le Centre Pompidou. On a une longue histoire avec la France. Ce projet nous avait attiré parce que c’est un lieu patrimonial et un site exceptionnel. Nous avons l’expérience du travail dans des bâtiments historiques avec des extensions en architecture contemporaine, en dialogue avec l’existant. Ici le site est extraordinaire avec la Chaîne des Puys juste en face. Le projet n’a pas été fait à Londres, on l’a vraiment fait ici avec nos collègues de l’agence MTa. On a passé du temps dans les rues, on a regardé l’architecture, on a fréquenté les cafés… et mangé du fromage. Un projet architectural ne se fait pas dans l’abstrait mais dans le dialogue. C’est une bibliothèque mais avant tout un projet fait pour les gens. Il faut imaginer les habitants dans ce bâtiment qu’ils connaissent bien. ils y ont vécu de belles choses mais aussi des heures douloureuses. On a du y aller avec un certain respect, couche par couche et cela nous a permis de redécouvrir des choses merveilleuses qui avaient échappées aux transformations des années 80 qui n’étaient pas très respectueuses de l’aspect patrimonial.
Un forum au cœur de la bibliothèque
Le public aura le choix entre deux entrées. L’historique, boulevard Malfreyt, avec la Galerie des donateurs restaurées et l’entrée par le jardin, via une petite porte boulevard Charles de Gaulle. Le public cheminera sous les arbres, retrouvera la fontaine de la cour d’honneur qui a été reposée dans ce jardin, avant de découvrir le Forum. « Le forum se veut pavillon et pas bâtiment. C’est en fait le contre-poids de l’Hôtel-Dieu qui est un bâtiment de pierre avec des fenêtres mais plutôt refermé sur lui même » explique Patrick Williams. « Ce forum se veut ouvert sur la ville. On a recréé des caves et des cratères de façon conceptuelle en partie basse, intimiste, et la partie haute, vitrée avec de la vue sur le jardin et la ville. Le forum qui est un élément contemporain de verre, de bois et d’acier se détache du reste du bâtiment. Il est entouré d’un miroir d’eau qui crée une notion de seuil avec des passerelles vitrées. Ce sera la connexion entre les deux mondes qui cohabitent, un peu comme Clermont avec la pierre de Volvic et la blancheur de la chaux. »
Dans le respect du développement durable
À l’heure de la sobriété énergétique beaucoup d’interrogations se posent à propos de cette partie centrale que certains imaginent comme une serre. « Il y a mythe la dessus » reprend Patrick Williams. « Ce n’est pas une boite de verre. Les façade sont vitrées mais protégées sur trois côtés par les façades de l’Hôtel-Dieu. On a fait de nombreuses études sur cet aspect. La plus exposée est la façade ouest, mais on a des très grands stores en acier inox, qui sont perforées et qui protègent en filtrant. La toiture n’est absolument pas une grande verrière, c’est une toiture solide qui est aussi perforée et qui va amener la lumière naturelle. On va pouvoir utiliser la lumière naturelle, 80% du temps sans éclairage artificiel. La consommation énergétique c’est très important mais aussi on a un béton décarboné, des charpentes en bois qui viennent des forêts locales. Nous avons été très exigeants sur ce bâtiment là. Nous avons préservé les caves et j’aurais bien aimé les utiliser pour le rafraîchir mais on ne peut pas, pour une question de règlementation. C’est dommage car on a 13° constants dans ces caves. Peut être qu’un jour la règlementation changera et qu’on pourra rafraîchir de façon gratuite et préchauffer car lorsqu’il fait -10 dehors c’est merveilleux d’avoir déjà 13°. On a un gisement possible, aux générations futures de l’utiliser. On a poussé pour cela mais la règlementation est en retard et il y a aussi des contraintes de propriété car ces caves vont bien au delà du bâtiment. C’est mon seul regret, mais peut être que dans 10 ans d’autres architectes qui interviendront pourront exploiter ce gisement ».
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