Delphine Zamaï travaille pour un petit cabinet infirmier de ville. Elle prodigue des soins à 25 patients chroniques qui ont dans l’ensemble plus de 75 ans, plus des patients ponctuels. Pour l’instant, aucun d’entre eux n’est détecté porteur du coronavirus, même parmi les patients ponctuels plus jeunes. Les soins dispensés restent les mêmes. « Ce qui change pour nous, c’est le port du masque. Une pharmacie proche du cabinet nous a d’abord délivré une boite de 50 masques pour trois et là, c’est un médecin qui vient de nous dépanner d’une autre boite. Un masque doit être changé toutes les quatre heures, ce qui est impossible, sinon, on va vite tomber en panne. Le masque nous fait la journée. » Les consignes sont claires, en prévention d’une éventuelle pénurie, les pharmacies délivrent des masques uniquement aux professionnels. « Une pharmacienne me disait qu’elle avait un client travaillant dans le portage de repas à domicile qui lui en a réclamé une boite. Elle n’a pas pu lui en fournir. Les masques sont réservés en priorité aux médecins et aux infirmiers. » Les auxiliaires de vie et les services de portage de repas ne sont donc pas prioritaires faute de matériel suffisant. « Il y a des auxiliaires de vie qu’on ne voit plus chez les patients quand ils ne sont pas absolument indispensables. Mais parfois, ils le sont, pour les toilettes, les levers ou les couchers par exemple. Aussi indispensables que l’est le portage de repas. »
Visites allégées par précaution
Les professionnels sont aussi confrontés aux réactions et aux comportements somme toute compréhensibles des patients. « Certains refusent de nous voir par peur d’être contaminé puisqu’on va chez les uns et chez les autres. Dans ce cas-là, c’est la famille qui prend le relais. Mais ce n’est pas toujours possible. Certains préfèrent qu’on limite nos passages à une fois au lieu de deux par jour et là encore, c’est la famille qui prend le relais. Quand les gens sont isolés, évidemment, on continue de passer. » À l’heure où nous écrivons ces lignes, il n’a pas encore été proposé aux trois infirmières du cabinet un test de dépistage…
Restons confinés chez nous
Le moment viendra probablement de la polémique face à la gestion de la crise par le gouvernement. Mais l’heure est encore à la concorde, l’urgence nécessite d’être tous derrière nos héros qui sont en première ligne face au virus et de se conformer à ce qu’ils nous disent de faire et de ne pas faire. « Il y a peu, dans un immeuble, en me voyant passer comme tous les jours à la même heure, une dame qui avait repéré que j’étais infirmière m’a donné une boite de gants en me disant que ça me serait plus utile qu’à elle. Des fois, des gens nous applaudissent en voyant le caducée sur la voiture. Ça fait du bien » explique Delphine. Pour aider les soignantes et les soignants dans leur mission de service public et leur faciliter la tâche, restons confinés chez nous, respectons les consignes de distanciation et de lavage des mains, ça sauvera des vies, la vôtre peut-être.
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