Parmi les nombreuses victimes de la crise politique et sociale que nous traversons, les Républicains arrivent sans aucun doute en bon rang. Leurs responsables, qui se réclament héritiers du gaullisme (quelle signification plus d’un demi-siècle après la mort du général ?), semblent ne cesser de se faire hara-kiri. Dès son élection en 2017, l’actuel chef de l’Etat s’est efforcé d’essorer ce parti majeur de l’histoire de la Vème République, le passer à la moulinette et lui subtiliser des figures marquantes, Bruno Lemaire, Edouard Philippe, Gérald Darmanin, pour en faire des têtes de proue de sa majorité et en constituer l’aile droite, indispensable à l’équilibre apparent du macronisme. Devant l’OPA conduite par l’ ex-ministre de l’économie de François Hollande, les oscillements permanents, les hésitations constantes et le positionnement ambigu des Républicains, toujours le cul entre deux chaises, les a déjà conduits dans le mur lors des dernières présidentielles où leur candidate Valérie Pécresse, désignée à la suite d’une primaire interne, a été éliminée dès le premier tour avec un score de 4,78% . Un chiffre miniature pour une gifle majuscule. Une débâcle, en réalité.
Confusion
Avaient-ils touché le fond et retenu la leçon ? A moins que le pire ne soit à venir… Face à la réforme des retraites, les Républicains ont fait preuve de leurs divisions fondamentales, certains votant la motion de censure contrairement aux directives de leurs leaders, Eric Ciotti et Alain Marleix, qui en ont appelé au sens des responsabilités quitte à servir de jambe de bois au gouvernement. Dans le même temps, Rachida Dati, présidente du Conseil National du parti, et Jean-François Copé plaident pour un contrat d’alliance avec l’actuel exécutif. Qui sont-ils, où sont-ils, où vont-ils, à quoi servent-ils aujourd’hui ? Débordés à droite par le Rassemblement National, malgré leur volonté de diaboliser le mouvement de Marine Le Pen, dragués par une majorité dont ils sont les souffre-douleurs, ils tombent dans tous les pièges que le chef de l’Etat leur tend. Au lieu de les ériger en arbitres parlementaires, opportunité qu’ils n’ont pas su saisir, la dernière séquence a contribué à les affaiblir. Et c’est ainsi que « la droite la plus bête du monde », désormais exsangue, ne cesse de donner raison à Guy Mollet qui, dans les années 50, avait inventé cette formule devenue célèbre.
Il est temps de sauver le pays, qui se meurt, mais qui s’en soucie ? Chacun pour soi dans l’inconscience…