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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Une réforme à qui gagne perd

Le pouvoir a tenu, coûte que coûte, en dépit des oppositions, des contestations, des manifestations. Victoire à la Pyrrhus pour le chef de l’état qui doit désormais faire face à une crise majeure dans un pays sous haute tension.

C’est l’histoire d’une réforme promise mais impréparée, mal née, vidée de sa substance à force de concessions, de compromis, de comptes d’apothicaires et de petits arrangements dérangeant. Une réforme, surtout, dont les Français, étranglés par une inflation record et un niveau de vie qui s’effondre, ne voulaient pas. Ils l’ont exprimé clairement, explicitement, à diverses reprises, en descendant dans la rue par centaines de milliers.

Mauvais timing, manque d’inspiration et de psychologie

A la façon d’un chef d’entreprise qui se refuserait à écouter ses salariés pour mieux satisfaire son conseil d’administration, le Président fait la sourde oreille, fidèle à son exercice vertical du pouvoir. A défaut de réunir une majorité fiable au Palais Bourbon, il choisit de passer en force. « Plutôt que de faire le choix du panache, Emmanuel Macron a fait celui de la panique » estime le journaliste et éditorialiste Christophe Barbier, sa sempiternelle écharpe rouge autour du cou, une couleur aux antipodes de ses convictions politiques .

Il suffisait peut-être d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Ce fut donc le fameux article 49.3, auquel il vaut mieux avoir recours avec modération. Le passage en force a ravivé les braises, alimenté le carburant de la contestation, et une odeur de crise flotte désormais autour d’un gouvernement en rupture avec l’opinion publique et une grande partie de la représentation nationale, droite, gauche et même centristes confondus. Le Président, qui affirmait durant la dernière campagne être « le candidat de la concorde », a ainsi semé une colère qui prend des allures de chaos.

Conséquences à long terme

L’épisode, dont la suite reste aujourd’hui imprévisible, laissera, quoiqu’il arrive, des traces indélébiles, participant à creuser le fossé entre les élites et les citoyens. Pour sa part, Emmanuel Macron, de plus en plus impopulaire et isolé, aura toutes les peines du monde à renouer le lien avec une population qu’il a choisi d’ignorer et qui lui en tiendra durablement rigueur. Ses quatre prochaines années à l’Elysée s’annoncent longues.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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