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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

De mémoire en histoires au fil des rues

Les villes se souviennent comme en témoignent les noms donnés à leurs artères. Clermont n’échappe pas à la règle.

La Treille, la Boucherie, la Coifferie… Exemples de rues clermontoises qui ont échappé à la propension contemporaine de donner des noms d’individus aux différentes voies urbaines … Rendre hommage aux personnalités, locales ou non, part évidemment d’un bon sentiment et participe, à sa façon, à inscrire le passé dans la vie de la cité. Mais l’histoire, elle-même, est furtive et son appréciation rarement objective. Charles de Gaulle et François Mitterrand, qui furent de farouches ennemis, ont pourtant chacun « hérité » de deux voies clermontoises, d’ailleurs voisines. Au contraire du « local » Valéry Giscard d’Estaing qui n’a pas trouvé grâce auprès des élus clermontois et doit se contenter d’une avenue chamaliéroise, ville dont il fut le maire entre 1967 et 1974, juste avant son entrée à l’Elysée. Quant au Cantalou Georges Pompidou, il a été « exilé » en périphérie, « bénéficiant » d’un boulevard qui, c’est sûr, ne le mènera pas au septième ciel.

Posthume reconnaissance

Les élus sont ainsi régulièrement « célébrés » une fois leur vie achevée. Et si l’on ne leur trouve pas une artère (ou un vaisseau sanguin) à leur « prêter », il survient un équipement, un projet immobilier. Comme ce fut le cas pour Gabriel Montpied, nom tout trouvé pour un stade de football (mais aussi un complexe médical) ou pour Roger Quilliot, au titre du musée d’art dont il fut à l’origine. En aparté, si une rue porte aujourd’hui le nom de l’ancien ministre du logement du deuxième cabinet de Pierre Mauroy, elle se trouve à Angers, sa « douce » ville de naissance, traversée par La Maine.

Gainsbarre se marre

Les dernières guerres furent pourvoyeuses en noms de rue… Des chefs d’état, des militaires et beaucoup de résistants ont ainsi été consacrés. Mais aussi des nations alliées à la France : la Grande-Bretagne, l’Italie, les Etats-Unis et, plus contestable à la lumière (ou à l’obscurité) de l’histoire, l’Union Soviétique. Mais ne revenons pas cette fois sur cette polémique à l’heure où la Russie se sent des velléités impérialistes dans le sillage d’un chef tout puissant.

Et la rue Serge-Gainsbourg, celle qui abrite aujourd’hui la Coopérative de Mai, qu’en pensez-vous ? Lui-même, anticonformiste et anar de droite, attitude qu’il qualifiait d’ « aquoibonisme », ironiserait sans doute sur cette sanctification très républicaine. Pour ma part, je préfère les noms plus intemporels, plus poétiques et souvent en phase avec les activités humaines : la rue des Cordeliers, celle des vignerons ou encore, plus énigmatique, l’impasse des Neuf Soleils.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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