Accueil » Edito » Chronique d’un scrutin ordinaire
Présidentielle 2022 / Photo 7 Jours à Clermont
Photo 7 Jours à Clermont
Edito

Chronique d’un scrutin ordinaire

L'élection présidentielle 2022 aura-t-elle été la plus ennuyeuse de l'histoire de la Ve République ? Zéro suspense, des candidats qui ne mobilisent pas grand monde... alors oui elle était ennuyeuse et les abstentionnistes en ont profité.

Hé bien voilà, la messe est dite. Comme on s’y attendait, le taux d’abstention a atteint un taux élevé pour une élection présidentielle, la prime au sortant a fonctionné pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen devra se contenter de son habituel rôle d’opposante. Même si, à chaque scrutin, le RN progresse un peu, vue la consigne déjà donnée par Jean-Luc Mélenchon, elle devra encore continuer durant 5 ans, à tenir le rôle consistant à balancer des petites phrases que les « petites gens » aiment bien entendre. Il est sans doute plus facile d’aboyer que de prendre les rênes d’un pays, son père ne dirait pas le contraire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a montré une durabilité exceptionnelle en comparaison des hommes au pouvoir, touchés par une forme d’obsolescence programmée.

Pourquoi les français se détournent des urnes ?

Presque un tiers des Français s’abstenant à la présidentielle, c’est énorme pour un pays démocratique. Mais sans doute faut-il s’interroger sur les raisons pour lesquelles les électeurs ont fini par se détourner des urnes, et ce, quel que soit le type d’élection. La manière de « faire » de la politique est possiblement devenue hors sol. Au fond, la promesse d’un monde meilleur apparaît comme de la poudre aux yeux face à un quotidien qui apporte son lot de difficultés et d’angoisses. Les grands engagements ne sont que très rarement tenus et quand bien même la volonté est là, le « système » reste un solide verrou, empêchant les évolutions pourtant indispensables. Alors à quoi bon aller voter quand on sait déjà comment va se dérouler la partie suivante ? Comment être séduit par les discours de campagne bâtis sur l’éternelle forme du « Moi président(e) je ferai ceci, je ferai cela ». Les phrases assassines, les « Monsieur » par ci, « Madame » par là ne peuvent pas convaincre un électorat qui ne veut plus se contenter d’élire des représentants au seul motif qu’ils sont de « sacrés tribuns ». Il a sans doute envie qu’on lui parle de ce qui le préoccupe réellement, envie d’écouter des écolos capables de dénoncer la gabegie des éoliennes, de découvrir des programmes réalistes qui ne mettent pas les TPE dans le même panier que les géants du CAC 40, d’amender des idées géniales pour empêcher que certains fonctionnaires ne deviennent des spécialistes des usines à gaz. Les mandats passent, la manière reste, le paysage politique n’évolue pas. C’est sans doute cela qui ne fonctionne plus. Les Français ne se sentent plus sur la même longueur d’onde que ceux qui prétendent les représenter et s’en remettent à des applis pour savoir à qui donner leurs voix. Paradoxalement, ils sont prêts à s’engager et montrent régulièrement leur capacité à être solidaires.

Dumont, l’olibrius visionnaire

Alors qu’il est entendu que le développement durable doit être prioritaire sur tout le reste, il faut avouer que durant les derniers jours de la campagne, il est sérieusement passé à la trappe, enfoui derrière la peur de la guerre, la défense du pouvoir d’achat et l’indépendance énergétique. Une fois de plus la question a été occultée alors que comme le disait Chirac « la maison brûle ». Il est évidemment plus facile de faire croire que tout sera mis en œuvre pour que le peuple puisse continuer à vivre sans se priver alors qu’il faudrait profiter de la situation pour inverser la tendance. En 1974, un candidat portant un pull rouge et roulant à bicyclette avait bâti un programme qui presque 50 ans plus tard pourrait être appliqué à la lettre. René Dumont, 1er candidat écolo de la Ve République ne rentrait évidemment pas dans le costume trois pièces du personnel politique de l’époque et dont les candidats d’aujourd’hui sont les descendants. On le prenait pour un olibrius… et pourtant.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

Commenter

Cliquez ici pour commenter

Sponsorisé

Les infos dans votre boite

Sponsorisé