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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Liturgie républicaine

Les cérémonies se succèdent à la tête de l’Etat. Mais l’excès conduit inévitablement à la banalisation et à la routine.

21 février- Paris : entrée au panthéon de Missak Manouchian, membre originel du réseau de résistants Manouchian- Boczov- Rayman ; 8 mars- place Vendôme- Paris : la cérémonie de scellement dans la constitution du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ; 11 mars : Arras – hommage rendu aux victimes du terrorisme ; dans les prochains jours aux Invalides à Paris, un manifestation officielle en l’honneur de l’amiral Philippe de Gaulle, le fils du général, décédé dans la nuit du 12 au 13 mars. La profusion de rendez-vous plus solennels les uns que les autres est une marque de fabrique de l’état macronien. Des rassemblements en grandes pompes sous le feu des caméras de télévision, des discours à tire-larigot au nom de la République, une pluie de commémorations de toutes sortes. Ce déploiement d’émotions réelles ou feintes, toujours drapé dans les oripeaux de la République, traduit une propension permanente à la mise en scène voire à la dramaturgie.

La force du symbole

Si l’on ne peut nier la force symbolique de tels rendez-vous, il est également évident qu’il convient de ne pas en abuser, sauf à en étioler la valeur et en banaliser la portée. Or à quoi assiste-t-on sinon à une vulgarisation de ces manifestations protocolaires ? A un recours systématique comme si l’exception utile devenait une sorte de passage obligé.

A l’heure où la France a rarement été aussi divisée, le pouvoir aussi essoufflé, contesté et fragilisé, il faut probablement y voir une tentative de rassembler la population autour de thématiques sociétales, historiques voire universelles. Une façon de prendre de la hauteur par rapport à des problématiques plus quotidiennes et sujettes à la controverse. Mais il est également permis d’entrevoir en filigrane quelques opérations de communication ou de soupçonner des manœuvres de diversion à connotation purement politique. Surtout à l’approche d’élections européennes qui s’annoncent périlleuses pour le pouvoir en place.

Banalisation

Les cérémonies, comme les fêtes, sont indispensables à toute société humaine. Elles participent pleinement à sa cohésion et au sentiment d’appartenance à un même groupe. Mais elles ne conservent leur sens que si elles demeurent exceptionnelles. A manier avec précaution…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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