Les jeunes qui sont montés, cette semaine, sur la scène de La Comédie de Clermont pour le spectacle Rock The Casbah n’étaient pas nés, et leurs parents encore bien jeunes, lorsque The Clash interprétait ce titre qui est devenu l’un des titres les plus connus du groupe.
Retour il y a 40 ans, en 1982, époque où l’Iran était dirigé par l’Ayatollah Khommeini, religieux pas vraiment progressiste que la France avait hébergé quelques années auparavant alors qu’il était en exil. La chanson de Joe Strummer et ses acolytes évoque l’interdiction de la musique rock en Iran sous l’ère Khomeini. Elle narre l’histoire, évidemment fictive, de la population qui s’oppose à cette interdiction en « faisant rocker la Casbah» sur fond d’amitié entre les peuples. L’Ayatollah ordonne le bombardement des fêtards mais les pilotes chargés du largage préfèrent écouter du rock à la radio dans leurs cockpit plutôt que d’exécuter les ordres. Ce titre repris par la suite par Rachid Taha est devenu un véritable hymne politique, dont on mesure encore la symbolique aujourd’hui, particulièrement en Iran.
Bouillonnement contestataire
Développer « des énergies collectives, capables de faire la peau aux normes et aux clichés, dans une fièvre aussi explosive que pleine d’espoir » est le but du travail de Bérénice Legrand, qui a imaginé ce spectacle, dont le nom sonne comme un clin d’œil à la pièce du patrimoine mondial de la contestation qu’est Rock The Casbah. Et qui de mieux que des adolescents pour illustrer ce bouillonnement contestataire ? Dans une démarche immersive, la chorégraphe, artiste associée de La Comédie, est allé à la rencontre des jeunes du territoire pour comprendre leurs attentes et surtout leur état d’esprit, afin de le transposer sous forme de « Ballet collectif électrisé ». Sur scène, des groupes de 15 à 20 danseurs changent d’état, passant du défilé énergique au concert punk sur une ambiance qui s’apparente parfois au carnaval, illustrant une présence révélatrice de leur rapport au monde.
Rock The Casbah n’était, hélas, donné qu’un soir à La Comédie, malheur à ceux qui l’on raté.
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