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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Peur à tous les étages

Après le virus, la guerre : il y a évidemment de quoi se faire du mouron. Pourtant, la peur se révèle rarement constructive et elle n'évite jamais l'inéluctable.

« J’ai toujours peur du virus, je conserve le masque dans la rue et dans les magasins ». Propos entendus sur une radio généraliste, ces ondes sur lesquelles les pages de pub se succèdent sans beaucoup d’interruptions. Ici, une autre personne manifeste sa « peur d’un prochain conflit mondial », devant les dramatiques événements qui ensanglantent l’Ukraine, à 2000 kilomètres de nos frontières. De fait, le pire n’est jamais exclu, une lucidité que nous enseigne l’histoire, surtout lorsqu’un dictateur, devenu paranoïaque, prend ses désirs sans limite pour des réalités.

Le désordre du monde

Il y a dix mille raisons, toutes légitimes, de s’inquiéter de nos jours : peur du réchauffement climatique, de la guerre, de la catastrophe nucléaire, des attentats, de la hausse des prix, du retour annoncé du coronavirus en droite ligne de Chine. Sans oublier, bien sûr, la peur de vieillir, de la maladie, de perdre ses proches. Car c’est au fond le sens-même de l’existence : le pire est toujours à venir. In fine, la mort n’épargnera personne. Pas même les plus précautionneux.

Peureux, pas heureux

Un éditeur clermontois qui a pignon sur rue me confiait même récemment son angoisse « du retour de la peste brune… » De l’art de se faire un film. Ainsi notre époque est frileuse, craintive, maussade et parfois même traumatisante. Elle incite à porter un masque, donc à se méfier des autres, à s’en éloigner. Elle multiplie les mises en garde, les conseils, déploie les restrictions de tous ordres, en appelle sans cesse à la prudence.

La peur envahit les esprits, inondés par un déferlement d’images, de slogans, de messages médiatiques ou politiques. Une peur entretenue qui finit par anesthésier notre capacité à l’enthousiasme et à l’émotion, notre désir de liberté et d’indépendance. Elle entrave les élans, bride les aspirations et incite au repli sur soi. La peur, en réalité, est rarement bonne conseillère. Elle empêche de vivre pleinement, pas de mourir.

 

 

 

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À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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