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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

L’élection du désenchantement

Dans un mois, les jeux seront faits. Pourtant la campagne pour l'élection présidentielle, aussi déterminante soit-elle, se déroule dans un climat pour le moins maussade, en dépit de l'arrivée du printemps.

Ce devrait être un temps de débat, de confrontations d’idées, d’émergence de projets, d’effusions, de ferveur, de dialogues, voire d’espoir. Au fond, le droit de choisir entre différents candidats n’est-il pas un privilège ? Et, dans un régime où tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d’un seul homme, l’élection du chef de l’Etat reste le temps fort de la vie démocratique, un rendez-vous qui se reproduit deux fois par décennie. Pourtant, au lieu de l’envie, de l’enthousiasme, de l’impatience, on ressent beaucoup de résignation au sein d’une population émoussée et désenchantée. Une forte démobilisation à l’heure d’un choix qui n’a pourtant rien d’anecdotique.

Ces sondages qui démotivent

L’élection serait jouée d’avance entend-on. Et il est vrai que les sondages qui donnent à l’actuel président une avance considérable ne font rien pour motiver les électeurs potentiels. Peut-être les événements successifs qui ont marqué les derniers mois, des gilets jaunes à la guerre en Ukraine, en passant par la longe et anesthésiante séquence du Covid, participent-ils de cette forme de désillusion vis-à-vis du processus électoral. Mais c’est ailleurs qu’il faut en chercher les véritables raisons.

De paroles en actes

Les présidences successives, de Jacques Chirac à Emmanuel Macron, ont contribué à dévaloriser la parole politique. Comment se ranger derrière un étendard quand les promesses n’ont pas été tenus, quand les programmes n’ont pas été appliqués. Quand les électeurs, d’une certaine façon, ont été trahis. Le référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel européen (TCE), dont le résultat a été balayé, a probablement constitué un tournant dans ce désamour à l’égard du vote. L’extrême mondialisation, elle-même, éloigne le citoyen de la décision politique qui échappe souvent à ses représentants. Enfin, le macronisme n’est pas étranger à cette situation inédite. En tuant les idéologies au nom du pragmatisme, le rêve au nom d’une prétendue efficacité, le « ni droite, ni gauche » concourt à une forme de dépolitisation du débat public.

Les futurs abstentionnistes, souvent des jeunes en perte de repères, le moral en berne, ne sauraient être fustigés. La moindre des choses que l’on pourrait attendre des élus est de leur donner envie de se rendre dans les urnes. S’ils n’y parviennent pas, c’est avant tout de leurs responsabilités.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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