Pour faire simple rappelons que Rémy Dugimont, pièce maitresse de l’effectif et sous contrat avec le Clermont-Foot, avait fortement envie de changer d’air…aspiré par les alléchantes propositions auxerroises. « Pas question, lançait alors Claude Michy, il y a des règles à respecter ! » Ce à quoi Francis Graille rétorquait, un chouia moqueur, « les Clermontois feraient bien de balayer devant leur porte ! »
La règle des uns…
Au-delà des mots, et en bons auvergnats qu’ils sont, Francis Graille et Claude Michy resteront sûrement amis pour la vie…à condition, peut-être, de ne pas trop parler Football.
Dans le foot pro (mais pas que) on est bien obligé de respecter des règles sur le terrain, mais en dehors de ça… ?. Rompu aux exercices de haute voltige dans la sphère du ballon rond, l’ex-président du PSG est forcément une sorte d’antithèse de son pote du Clermont-Foot.
Réputé être avant tout un ‘’bon gestionnaire’’ performant dans le business de l’évènementiel, notamment en sport mécanique, Claude Michy n’entend pas déroger à la ligne de conduite qu’il tient depuis que la mairie de Clermont lui a confié les clés du club en 2005.
Et oui, treize ans déjà, ça fait un sacré bail et les supporters en ‘’rouge et bleu’’ peuvent se languir d’une aventure telle qu’ont su forger Dijon, Amiens, Caen ou, plus récemment, Nîmes et Reims pour venir titiller la hiérarchie de Ligue1. En 2010, alors que Michel Der Zakarian tenait les rênes de l’équipe, le président du Clermont-Foot avait bien évoqué un plan de trois ans pour accéder à la L1. Mais le projet avait fait long feu et Claude Michy d’affirmer dés lors qu’« il est impossible d’afficher des objectifs dans le foot !»
…La règle des autres
La L1 ferait-elle peur à notre homme ?
Prenant à contre-pied la ‘’vox populi’’ selon laquelle le plus dur serait de s’y maintenir, il évoque la manne des droits TV, convaincu « qu’il n’y a pas de risques à être en L1 ! Mais le problème c’est d’y accéder sachant que l’ambition ne doit pas conduire à une mauvaise gestion »…entendez par là à une quelconque prise de risque financier.
La saison dernière aucun des quatre premiers budgets de L2 n’a accédé à la L1 (Reims était 5ème, Nîmes 12ème). Cette saison, Lens tient encore le pompon avec 35M€ de budget devant Metz 30M€ et Auxerre 21M€. Loin du budget moyen de L2 (13,4M€), Clermont occupe l’avant-dernière position avec 6,8M€, devant Béziers 6M€.
Il est vrai qu’il ne faut pas confondre le budget avec la masse salariale qui représente la véritable force financière d’un club. A cet égard le rapport n’est plus que de un à deux entre Clermont (3,6M€ hors staff) et Lens (7M€). Certes, l’argent ne fait pas forcément le bonheur…mais quand-même !
A Clermont, pas d’émir ni de chinois…ni d’autres actionnaires. Le propriétaire-exploitant c’est Michy, qui n’entend pas mettre un euro de sa poche « pour faire courir quelqu’un derrière le ballon ». Peut-on l’en blâmer ?
Clermont fait donc avec les moyens du bord. Sans entrer dans le détail, près des 2/3 du budget proviennent des droits TV, un gros quart du partenariat et le reste de la billetterie.
Ensemble (avec qui?) vers les sommets
Cette saison, appuyé sur le slogan ‘’Ensemble vers les sommets’’, le club a fait le forcing en proposant des avantages divers et variés aux abonnés (500 l’an dernier) mais la moisson est maigre avec un gain de 10% seulement. Les animations sonores instituées pendant les temps morts du jeu (comme au basket) ne suffisent pas à booster l’ambiance tandis que la fréquentation du Montpied connaît une érosion qui semble inéluctable ( 3363 spectateurs en moyenne pour 2017-18).
« Même si on baisse les tarifs, il n’y a pas plus de monde ! » assure le président qui ajoute : « les vendredi soirs il y a la concurrence d’un match de L1 à la télé en plus du multiplex de L2…contrepartie logique des droits TV ». Et puis, hormis pour le noyau dur des supporters, on observe une évolution évidente des modes de consommation. « On a les infos et les images en direct sur le téléphone. A quoi bon venir au stade ? » Claude Michy, un brin désabusé, faisant remarquer « …sauf si tu es un produit à la mode comme à l’ASM où il est (encore) de bon ton d’y être ! »
Et c’est peut-être justement avec l’ogre ASM que Claude Michy semble entrevoir un avenir au foot en s’appuyant sur la réussite du Centre de formation partagé.
« La synergie avec l’ASM est intéressante…il y a des choses mutualisables…des investissements communs à envisager ». Alors, quoi donc ? « Pour le moment…on échange avec les gens ! »
Et pendant ce temps là, accablé par des ampoules au pied et trainant la savate aux entrainements, Dugimont s’est vu finalement délivrer un bon de sortie définitif pour une cure de remise en forme au pays de Guy Roux et du Chablis. Il va déjà mieux.
Réglé… comme du papier à musique !
(*) La Montagne 23 et 28/07
Commenter