La photographe et réalisatrice Laura Henno entend, par son travail artistique, mettre en lumière les marginaux et ceux qui vivent en parallèle de la société. Pour enraciner son propos, elle privilégie l’immersion au sein même des communautés qu’elle accompagne, parfois durant plusieurs années. Cette cohabitation volontaire lui permet de traiter le sujet de façon documentaire mais avec une démarche personnelle qui contourne les us et coutumes du genre et ajoutant une forte part de fiction. Elle a ainsi sillonné le monde partageant son temps avec des invisibles à Rome, dans l’archipel de Comores, en Californie ou encore sur l’Île de la Réunion. Cette manière de faire, que ce soit pour son travail photographique ou cinématographique lui a valu de nombreuses récompenses dont le Prix Découverte des Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles en 2007 ou le Prix Égalité et Diversité au Festival International du court-métrage de Clermont en 2017 pour son film  Koropa.

Une séries de photographiques majeures de Laura Henno

Le Frac Auvergne présente actuellement une exposition sur un travail s’étalant sur plusieurs années puisqu’il a débuté en 2013 au cœur de l’archipel des Comores. Laura Henno s’est immergée plusieurs semaines par an dans cette zone réputée pour la complexité de sa géopolitique. Elle s’est laissée guider par les rencontres avant de traiter ou non le sujet en images. Son œuvre a pris forme lentement et patiemment, au gré des rencontres, passant d’un territoire à un autre, jusqu’à ce que l’histoire sans parole prenne forme, décrivant ainsi des vies contraintes par les imbroglios sociétaux, politiques ou historiques.
L’exposition nommée M’Tsamboro rassemble pour la première fois une grande partie du travail réalisé aux Comores mais aussi à Mayotte ces dernières années. Elle est composée d’une série de photographiques majeures et plusieurs films dont Djo réalisé en 2019, Ge Ouryao ! Pourquoi t’as peur ! un triptyque vidéo composé à partir de centaines d’heures d’images brutes tournées au cours d’années d’immersion à Mayotte.
Le spectateur doit faire l’effort de passer outre un traitement d’images figées car posées, fortes et sans fioriture. Il apparaît normal d’éprouver de la difficulté face à ce qu’elles renvoient, le thème de prédilection de Laura Henno nécessitant davantage d’information documentaire que de poésie.

Laura Henno M’Tsamboro jusqu‘au 3 novembre 2024, FRAC Auvergne 6 rue du Terrail à Clermont.
Entrée libre et gratuite du mardi au samedi de 14h00 à 18h00 et  le dimanche de 15h00 à 18h00.