La façade et le toit entièrement refaits du bâtiment Dijon*, l’aile Nord de l’ancien Hôtel-Dieu, rue Lagarlaye, s’offre désormais à la vue de tous. Refaite à l’identique pour cause de classement par les Monuments Historiques, la façade ne réserve pas de grandes surprises même si elle étonne par la qualité des nouveaux enduits, des huisseries conformes aux originales et des descentes d’eaux pluviales en cuivre. En revanche, tout ce qui se trame à l’intérieur, dans les ailes Est et Sud, dans les sous-sols et à l’emplacement de la cour d’honneur est tout simplement colossal. Depuis fin 2020 se sont déroulées les phases de fouilles archéologiques, de désamiantage, de déplombage, de curage et de mise à jour des parties historiques cachées derrière les aménagements successifs qui ont rythmé la vie de l’ancien hôpital clermontois. Aujourd’hui, la future grande bibliothèque commence à prendre forme avec la construction de l’espace numérique, des gradins au dessus du petit amphithéâtres et la réhabilitation des parties anciennes qui abriteront les collections et les immenses salles de consultation. Le chantier connaîtra une phase importante dans les mois à venir avec la pose de la charpente qui couvrira les nouveaux espaces. En juin 2025, l’ensemble sera hors d’eau et hors d’air.
Le devoir de respecter et de restaurer la bâtiment
« Dans les ailes, on a de très grands plateaux qui du temps de l’hôpital étaient cloisonnés en chambres et qui vont rester ouverts. C’est là que seront installées les salles de bibliothèque, avec des étagères, des tables, des chaises, des fauteuils confortables pour que chacun puisse profiter des collections » explique Mélanie Villenet-Hamel, cheffe de projet à la métropole. « Il y aura aussi des espaces plus cloisonnés qui seront plutôt des salles de lecture et des ateliers. On fait vraiment avec les spécificités du bâtiment et puis dans le forum (ndlr ; ancienne cour d’honneur) on aura des espaces davantage liés à l’accueil et à l’action culturelle. Dans la galerie des donateurs et dans l’ancienne salle de radiologie, on aura également un petit espace d’exposition. C’est un chantier qui, comme toute réhabilitation, nécessite de protéger le patrimoine et là c’est impérieux puisque le bâtiment est inscrit aux Monuments Historiques donc, on a non seulement le devoir de respecter mais aussi de restaurer ce qui a pu être abîmé par le passé. Quand on entend l’attachement des Clermontois à cet hôpital, c’est la moindre des choses que de consacrer beaucoup de soins à la réhabilitation de ce bâtiment ».
7km de linéaires pour la bibliothèque du patrimoine
« Les Clermontois ont quitté un hôpital et vont redécouvrir une bibliothèque telle qu’on conçoit ce type d’équipement aujourd’hui. Ce sera un espace où l’on trouve des collections mais aussi un lieu de vie, d’échange, de découvertes culturelles » reprend Mélanie Villenet-Hamel. « Dans cet espace, on va aussi pouvoir conserver dans d’excellentes conditions et mettre à dispositions des publics, chercheurs notamment, les collection de la Bibliothèque du Patrimoine. Ce n’est pas anodin, puisque cette bibliothèque conserve des manuscrits rares et précieux et des collections de conservation sur des centaines de mètres linéaires. Ce sont près de 7 KM que l’on va conserver ici ». Un tel chantier, qui mixe la réhabilitation d’un bâtiment datant de 1770 et la construction de parties neuves utilisant la récente technique du béton structurel stratifié peut bien évidemment réserver des surprises impactant le calendrier mais la cheffe de projet reste très sereine. « Je ne peux pas prédire l’avenir, alors je prends toutes les précautions, mais je suis absolument convaincue d’avoir une réception du bâtiment début 2026 et de pouvoir l’ouvrir au public dans le courant 2026, car il nous faudra un petit peu de temps pour l’installer ».
« La bibliothèque est le premier objet culturel en France »
Une fois terminée, la bibliothèque de 9571 m² auxquels il faut ajouter 3651m ² de jardin, viendra combler un déficit important de surface sur le réseau de lecture de la métropole et en particulier sur la ville de Clermont. Pour Olivier Bianchi, maire et président de la métropole, une bibliothèque de cette dimension était indispensable pour répondre aux besoins de agglomération. Le nombre de visiteurs annuel est d’ailleurs estimé à 500 000. « La bibliothèque est le premier objet culturel en France, c’est celui de la démocratisation de masse, il est fréquenté 10 fois plus que les salles d’exposition, 100 fois plus que les salles de théâtre. C’est le lieu où tout le monde vient, d’autant que maintenant on y trouve des jeux, de la vidéo, des livres, de la musique c’est une façon de se construire pour les gens qui n’ont pas obligatoirement les moyens de dépenser en achats, c’est une opportunité de démocratisation de la culture au plus grand nombre. Dans mon histoire personnelle, un tel lieu a changé ma vie, j’y ai trouvé des ressources que je n’aurai trouvé nul part ailleurs et je veux que d’autres enfants, demain, puissent imaginer leur avenir différemment en ayant fréquenté cet établissement ».
Il conviendra donc d’attendre encore deux années avant de profiter de ce qui sera un des plus gros établissement culturel public de la région AuRA, permettant à toute la métropole de passer un cap en matière d’ambition culturelle.
*François-Charles Dijon, architecte à qui l’on doit également La Halle au Blés futur FRAC
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