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Photo Yves Meunier.
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L’union fait le bonheur

Au terme d’une saison clermontoise qui aura vu l’ovale se dégonfler à vue d’œil et le ballon rond manquer de peu un beau challenge, une petite visite au centre de formation qui, depuis l’été dernier, unit l’ASM Omnisports et le Clermont-Foot 63, nous plonge dans une ambiance de félicité.

« C’est que du bonheur ! » La réponse est spontanée lorsque je demande son sentiment à Frédéric Zago, installé depuis huit mois à la direction de la formation des footballeurs au sein de ce centre partagé. Pour l’ex-pensionnaire de l’INF Vichy que la carrière pro a conduit dans les défenses centrales de Monaco à Saintes en passant par Alès, Lyon, Dijon, Angers et Valenciennes, la formation est devenue depuis vingt ans une vraie spécialité, exercée notamment à la Berrichonne et à VA. « Ici, on a tout pour travailler ! ».

L’accord parfait

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D’un bureau à l’autre, pas de dissonance dans le chœur : « Les besoins de chacun avaient été bien anticipés, la structure bien pensée, la cohabitation est sans accroc » Paroles de Bertrand Rioux, onze ans derrière la mêlée montferrandaise, entraîneur finaliste en 1994 puis converti à la gestion de la formation jaune et bleue.

Trop à l’étroit dans les installations de la Gauthière, Rioux et ses troupes se sont posés aux Gravanches dans une structure nouvelle mais avec l’expérience de quinze années de formation vouée à alimenter le secteur pro. Une expérience dont le Clermont-Foot était preneur car il ne disposait pas jusque là d’un vrai outil de travail.

Sur le coup des 15heures je pousse la porte de la ‘’salle des machines’’, copie presque conforme de celle des pros du 35 de la rue du Clos Four. Parmi l’escouade de mecs baraqués qui se forgent le profil gladiateur, plusieurs visages connus des spectateurs du stade Michelin pour avoir déjà endossé l’habit de lumière avec leurs ainés: Ruaud, Tuicuvu, Barjaud, Van tonder…et autres. Les Espoirs de l’ASM font partie d’une soixantaine d’éléments répartis en trois catégories d’âge. Placés sous convention de formation, ils peuvent bénéficier d’un contrat mixte (espoir ou pro) qui permet une rémunération.

Idem côté foot avec 56 conventionnés, depuis les moins de 17 ans jusqu’aux moins de 20 (aspirants et stagiaires), dont dix joueurs protégés sous contrat de formation. Eux aussi rémunérés…mais pas autant que ceux d’à côté.

Les têtes et les jambes

Les conventions foot et rugby impliquant, grosso modo, les mêmes obligations de formations scolaires et physiques, de suivi médical et d’organisation en matière de restauration et d’hébergement, les journées-types se ressemblent. Le matin à l’école pour la tête, l’après-midi au centre pour le physique, le collectif et les soins.

Tiens d’ailleurs, voici les footeux qui succèdent aux gros bras dans la salle des machines…dont ils ne feront pas tout à fait le même usage, n’ayant pas les mêmes besoins.

Pour gérer tout cela, 14 personnes à temps plein côté rugby, la moitié côté foot où pointent quelques têtes des années d’avant : Séb Mazerat, ‘’Olive’’Enjolras ou Eugène Ekobo futur éducateur.

Avec une personne en charge de la commission scolaire foot et rugby, le partage des installations permet de mutualiser des services et pas seulement pour le ménage. Chaque mercredi après-midi un groupe d’étudiants de diverses disciplines vient effectuer un soutien scolaire commun.

Mieux que se croiser, les uns et les autres peuvent échanger dans un espace de détente œcuménique. «Ici, aucune concurrence bien sûr, il règne une très bonne ambiance entre les staffs et les joueurs des deux clubs » Fred Zago enchaîne « Nos objectifs sont identiques même si les méthodes diffèrent ».

Photo Yves Meunier.

On n’est jamais mieux servi…

Loin du maquignonnage qui consisterait à faire de la plus-value en mettant sur le marché les talents éclos à Clermont, l’objectif affiché par les deux clubs est avant tout d’alimenter leurs élites respectives. Cette saison déjà, trois stagiaires du ballon rond, Sissoko, Bayo et Rajot ont signé leur premier contrat pro. «…et puis, insiste Zago, notre politique de recrutement est délibérément orientée en direction des jeunes issus de la région »

Dans le bureau ovale de la maison jaune et bleue, Rioux aligne quelques chiffres :

« Sur 103 joueurs passés par le centre de formation depuis 2002, 75 ont signé des contrats pro dont 34 à l’ASM. De 30% d’étrangers il y a trois saisons, nous sommes passés à 15% cette année. »

Toujours sous convention afin d’obtenir le label JIFF (joueur issu des filières de formation) et parce qu’au rugby on ne peut pas être pro avant l’année de ses 22 ans (21 ans bientôt ?), Raka, Fernandez, Simutoga, Cancoriet et Beheregaray signeront leur contrat cette année, Kakabatze, Tuicuvu, Giorbatze et Barjaud en 2019, Penaud et Ruaud en 2020.

Evidement, ce bel outil partagé ne garantit pas des titres pour demain mais c’est assurément par ici que passe l’avenir des deux clubs. 

« Pourquoi n’a-t-on pas fait ça avant…et pourquoi pas, aussi, ailleurs ? » Bonne question de Fred Zago. On pourrait en ajouter une autre : Où sont les femmes ? Mais il parait que la structure n’est pas adaptée pour accueillir les montferrandoromagnatoises, ni les clermontfootballeuses.

Dommage, la félicité eût été totale.

 

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

1 Commentaire

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  • Est-il vraie que cela pourrait s’ouvrir à d’autres discipline comme le basket et le hockey/glace qui sont aussi à rechercher l’optimisation de leur formations?

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