La semaine de la poésie revient pour sa 37e édition du 16 mars au 23 mars 2024. À la fois association et festival, l’événement a été créé en 1986 par le clermontois Jean-Pierre Siméon, poète, romancier, critique, dramaturge et aujourd’hui directeur de la collection Poésie chez Gallimard. Cette année, plusieurs poètes se déplacent, notamment Ariane Dreyfus, marraine de cette édition et Hala Mohammad, poète syrienne réfugiée en France. Elle fera par ailleurs une lecture bilingue. Diverses activités qui auront lieux tout au long de la semaine. Françoise Lalot, responsable culturelle de la manifestation explique plus en détails tout ce qui entoure l’événement.
« Une entrée sur le cinéma »
Quel est votre rôle dans l’organisation de l’événement ?
Je suis là depuis le début puisque j’ai bénéficié de poètes qui sont venus rencontrer mes élèves quand j’étais enseignante et formatrice à l’INSPE. L’inspection académique du Puy-de-Dôme m’a accordé des horaires pour pouvoir organiser l’ensemble. Petit à petit, j’ai plus travaillé. J’ai fait un DESS médiation éducation culture pour avoir une position plus professionnelle dans ce travail. Je suis retraitée de l’éducation nationale et depuis je dirige la semaine de la poésie. J’essaye de voir au niveau de notre association et de nos actions tout au long de l’année comment tout fonctionne. Tout est possible parce que l’on a une chargée de mission sur l’ensemble des actions à temps plein qui est très investie dans son travail. Nous avons aussi un temps partiel se chargeant de la communication et des bénévoles qui sont extrêmement investis.
Quels sont vos objectifs pour cette 37e édition ?
Faire connaître la poésie d’aujourd’hui à un public soit un public de gens qui sont déjà lecteurs de poésie soit un public de gens qui découvrent. Le festival est tout public, il inclut donc le jeune public. On a 76 rencontres avec des scolaires et 34 rendez-vous grand public. On a plus de rendez-vous pour les scolaires. Pour le grand public, on a choisi une entrée sur le cinéma cette année.
L’apport du cinéma à la poésie
Pourquoi avoir choisi de lier le cinéma et la poésie ?
Notre marraine, Ariane Dreyfus, a écrit à partir d’un film Ce sentiment d’été. Ce n’est pas la première fois qu’elle écrit par rapport au cinéma. Elle a beaucoup écrit sur les westerns, sur comment elle s’est construit autour des westerns en tant qu’adolescente et jeune femme. Elle a écrit également sur Les Malheurs de Sophie de Christophe Honoré. Nous sommes également partis sur le cinéma par rapport au jeune public avec des courts métrages réalisés par des étudiants d’école de graphisme, notamment des écoles de cinéma d’animation mais pas que.
Comment avez-vous choisi les courts et longs métrages qui vont être projetés ?
Tout a commencé avec la demande de Tant Mieux Production qui a été notre producteur pendant 10 ans. Leur demande était de réaliser des films de 3 minutes à partir de poèmes. La première année, les poèmes étaient de Jacques Prévert, après de Paul Eluard, Apollinaire, Andrée Chedid… Ces films on les connaissait depuis plusieurs années, on les trouvait très intéressants mais ce n’était pas de la poésie d’aujourd’hui. On ne trouvait pas le fil pour aller vers eux, on a choisi les films qui nous paraissait être les meilleurs. Ensuite, on a envoyé la liste à nos poètes en leur demandant d’écrire sur un de ces poèmes. C’est donc un poème rebond par rapport au poème de départ avec un court métrage.
« Ce n’est pas forcément difficile de se renouveler. »
Est-ce dur de se renouveler après 36 éditions ?
Ce n’est pas forcément difficile de se renouveler. Ce qui est difficile, c’est de se poser les bonnes questions. Par exemple on a bien repéré, nous comme d’autres, que faire venir du public sur un seul nom, c’est devenu difficile. En 37 ans, on en a eu des tas qui étaient des grands noms de la poésie. Maintenant ils ont vieilli, on est sur des poètes un peu moins connus. Cependant on a un public fidèle et nombreux au moment où on fait des lectures croisées. Pendant longtemps, notre formule d’ouverture était un poète et un musicien.
Quand on a eu la proposition autour des courts métrages nous avons décidé de tenter le coup. Ce n’est pas toujours facile de se demander comment on va se renouveler, ne pas se laisser entraîner sur une piste médiatique qui après d’un point de vue éthique va s’éloigner de nous. Je pense par exemple à ce qu’il s’est passé pour le printemps des poètes. Le choix autour des jeunes poètes est important sans pour autant rayer les poètes les plus anciens. C’est se renouveler sans nier la force qui a été celle des poètes qui sont là depuis longtemps. Ces questions-là sont parfois compliquées : aller vers un jeune public sans renier ce que l’on défend comme une écriture exigeante.
« On couvre 5 départements »
Pensez-vous rendre la poésie plus accessible ?
On souhaite d’abord qu’elle circule. Le problème majeur c’est celui-là. Certes, des choses circulent sur les réseaux sociaux. Il y a la poésie qui est enseignée à l’école, également. Il faut faire en sorte que tout un public qui, à priori a été touché par la poésie ne soit pas évacué. Une de nos manières la plus remarquée actuellement ce sont les poèmes sur les vitrines. On a quatre équipes qui circule pour écrire sur les vitrines. Une autre manière, c’est d’aller partout dans la géographie du département mais aussi de la région. On couvre 5 départements et on va dans de petits villages. On essaye de ne pas rester que sur la ville et un public urbain. Nous allons sur les extérieurs et dans la ruralité.
La semaine de la poésie 37e édition, du 16 au 23 mars 2024. Plus d’informations sur le site de l’événement et sur le programme à feuilleter en cliquant ICI
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