C’est dans l’ancien couvent des Ursulines, rue du Bon Pasteur, que Clermont Auvergne Opéra a installé son camps de base. La vie y ressemble parfois à celle d’une ruche. Durant la saison, la structure culturelle dirigée par Pierre Thirion-Vallet, présente des spectacles dont elle assure la production de A à Z. Maillon essentiel dans la chaîne de fabrication de ces spectacles « Made in Clermont », l’atelier costume, royaume de Véronique Henriot qui a accepté d’en ouvrir les portes pour une visite privée.
Une équipe de 4 personnes
L’ambiance du grand et lumineux atelier costumes inspire la zénitude sur fond de musique classique. Sur une table haute de bonnes dimensions, Véronique Henriot s’affaire sur un grand lé de tissus rose tirant sur le fuchsia, sur lequel repose un patron en papier. Elle découpe le tissus pour un costume de l’opéra La Traviata figurant dans le programme de la saison 22-23. Clermont Auvergne Opéra reste son « principal client » avec qui elle collabore depuis une 15ène d’années. Elle a débuté à l’époque où la structure s’appelait encore le Centre Lyrique d’Auvergne. Ses idées et sa manière de travailler, mais aussi un feeling partagé, ont finit par créer de la fidélité avec Pierre Thirion-Vallet qui trouve en elle, une personne capable de transformer ses idées en réalité parfois avec quelques séances de négociation. Véronique Henriot qui assure la conception et la réalisation, est à la tête d’un équipe de quatre personnes, toutes intermittentes du spectacle, dont une s’occupe des achats et les deux autres restent concentrées sur la réalisation.
L’histoire s’écrit au long cours
Lorsque Pierre Thirion-Vallet décide de la production d’un nouveau spectacle, l’histoire s’écrit au long cours. Il définit ses projets, généralement deux ans avant la première représentation. Durant une année complète, il commence par travailler sur la mise en scène en choisissant l’esprit à donner, l’époque dans laquelle il souhaite adapter le livret de l’œuvre et les grandes lignes de ce qui caractérisera le spectacle. A l’issue de cette longue réflexion, il rédige une « intention de mise en scène » qu’il donne à Véronique Henriot pour qu’elle puisse matérialiser l’univers. La costumière doit traduire ce que le metteur en scène souhaite faire et proposer un univers composé des styles, de tissus, parfois d’un mélange d’époques, sachant que dans le monde lyrique, les histoires sont bien souvent universelles et intemporelles. Pour asseoir ses idées et les « vendre » à Pierre Thirion-Vallet, elle utilise une technique bien connue dans la mode, celle du Moodboard, en français, cahier de tendances, qui permet de matérialiser l’ambiance générale. Plusieurs propositions peuvent être faites, mais, in fine c’est le metteur en scène qui a le dernier mot et qui fige le projet. La costumière doit alors proposer une ou des maquettes et s’atteler aussi à la tache de la construction budgétaire.
Une gestion rigoureuse
Lorsque la maquette est acceptée, le projet devient définitif, il n’y a plus de temps à perdre pour Véronique et son équipe. Il faut récupérer les mensurations des comédiens et passer à la fabrication avec en point de mire les dates des premiers essayages et surtout de la première. Il faut en moyenne 6 mois de travail pour réaliser les 15 à 20 costumes d’un spectacle. Si le temps est limité, le budget l’est aussi. Les costumes représentent, environ 30% du coût total de production. La personne chargée des achats se met alors en chasse de vêtements de seconde main sur un site bien connus du web alors que Véronique Henriot commence à dessiner les patrons, et à réaliser les premiers modèles en toile blanche brute pour valider les formes. Lorsqu’arrivent les séances d’essayage des « toiles », une surprise reste possible, car les fiches mensurations des comédiens ne sont pas forcément à jours. La créatrice le sait bien et laisse toujours du tissus en réserve au niveau des coutures. Cela évite parfois de reprendre le travail de zéro et permet de procéder à l’achat des tissus au plus juste et si possible, dans les magasins locaux pour faire fonctionner l’économie de proximité. L’ultime étape sera le lavage, ou le nettoyage à la vodka, des costumes, avant qu’ils ne prennent la lumière de la scène pour un certain nombre de représentations.
Une exposition de costumes durant l’été
Proposée dans le cadre de Clermont-Ferrand Massif central 2028, une exposition intitulée Costumer le siècle des lumières sera présentée durant l’été à l’opéra de Clermont ouvert exceptionnellement en dehors des jours de représentation. L’exposition montée par Clermont Auvergne Opéra, en partenariat avec le Centre National du Costume de Scène de Moulins et le MARQ présentera la manière dont les costumiers revisitent le 18e siècle. La majeure partie des pièces présentées seront de costumes réalisés par Véronique Henriot composant une rétrospective de 8 spectacles montés au sein de Clermont Auvergne Opéra, les autres étant signés de Renato Bianchi costumier de la Comédie française et de Christian Lacroix.
Costumer le siècle des lumières du 5 juillet au 20 août, du mardi au samedi de 14h à 18h à l’Opéra de Clermont, boulevard Desaix à Clermont. Entrée libre
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