Ils auraient sans-doute des histoires à raconter. Veaux, vaches, cochons, exposés contre leur gré, au Salon de l’Agriculture, où le public se bouscule, sans le moindre ménagement. Loin, très loin de leurs tendres prairies et de leurs étables où leurs courtes existences s’écoulent. Loin aussi des abattoirs où on les destine, où on les trucide sans la moindre compassion, comme le prouve le travail courageux et admirable effectué par l’association L214. Le Salon de l’Agriculture est l’endroit où il faut aller pour le microcosme de la politique. Ne pas oublier d’y faire un tour si l’on entend draguer les voix des agriculteurs. Et si possible d’y être photographié, au beau milieu d’éleveurs venus du Massif-Central et de Bretagne, ou en train d’avaler les bons produits du terroir, cochonnaille, fromages et autre verres de vin. Le top de la démagogie, évidemment, pour une classe politique dont le parisianisme ne fait guère de doute mais qui se doit de «faire peuple» en certaines circonstances. Surtout à l’heure des Gilets jaunes…
Le président le plus « vache »
Ils auraient des histoires à raconter si la parole leur était donnée ou si l’on savait traduire beuglements, hennissements ou mugissements. Car ils en ont vu passer de toutes les couleurs (politiques). Peut-être les plus anciens évoqueraient-ils les visites de Jacques Chirac dont on murmure qu’il était sincèrement « terroir ». A moins qu’il ne fut le meilleur comédien ? Combien de verres ingurgitait-il ? Et quelle quantité astronomique de charcuterie pas toujours fine? Quels souvenirs gardent-ils de Nicolas Sarkozy, pur produit de Neuilly-sur-Seine qui savait malgré tout « serrer les pognes » au contraire d’un Edouard Balladur, engoncé dans des gants beurre frais ? Et que leur a inspiré le Normand François Hollande, « président normal » dont la venue fut saluée par des sifflets et des quolibets ?
Comme tous les autres
Emmanuel Macron, à son tour, n’a pas oublié de se rendre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles afin d’y soigner une image malmenée. Et il n’a pas fait les choses à moitié, consacrant quatorze heures à cette visite en forme de marathon. Tout au long de la semaine, ses proches, autant que ses adversaires, traqués par les médias, vont lui emboîter le pas comme s’il s’agissait d’un passage obligé, d’une figure imposée. Les vaches, fort heureusement, ont beaucoup de sagesse et de recul. Il en faut davantage pour les convaincre. Elles demandent avant tout à retrouver leurs près…
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