Après le hameau de Charade, en direction du circuit, un vieux mur bordant la route départementale 5F, a repris des couleurs. A première vue, on pourrait croire être en présence d’une publicité peinte pour une marque d’essence, mais une observation plus attentive permet de comprendre que ce n’est pas le cas. Certes, il s’agit bien d’une série de logos du pétroliers BP mais tel qu’il se présentait dans les années 70. Ce mur est en fait une relique de l’ancien circuit, le fameux 8 km 055 et ses 18 virages où se déroulèrent plusieurs Grand-Prix de France, jusqu’en 1972 pour la Formule 1, 1974 pour le Continental Circus, le championnat du Monde moto. A cette époque, BP faisait partie des sponsors incontournables des sports mécaniques et son logo apparaissait un peu partout le long du tracé. A la création du « petit » circuit actuel, le mur qui était un élément de sécurité, resta en place, livré aux UV et aux intempéries qui se chargèrent de faire disparaître les pigments et un pan de la mémoire de celui que Sir Stirling Moss avait qualifié de « plus beau circuit du monde »
Quatre années de patiente
La volonté de préserver le patrimoine et la nostalgie aidant, un projet de restauration du mur vit le jour le 27 juillet 2018, sous l’impulsion d’un groupe de passionnés de l’histoire du circuit, réunis à l’occasion du 60e anniversaire du tout premier grand-prix disputé sur la piste auvergnate. Parmi ces passionnés, le regretté Patrice Besqueut, la mémoire du circuit, et Christian Auchatraire, tout récemment disparu, fils de Jean Auchatraire considéré comme le père du circuit.

Mais avant de sortir la peinture et les pinceaux, il convenait d’obtenir du financement et les autorisations nécessaires, celle des autorités compétentes mais aussi du service marketing de BP. L’association Agissons pour Charade a porté le projet qui au bout de quatre années de patiente, vient enfin de parvenir à son terme. Un peintre en lettres professionnel de Royat vient de restaurer à neuf et à l’identique, le fameux mur qui vit défiler les plus grands champions. Chacun espère désormais que l’aspect patrimonial de cette restauration freinera les velléités d’incivilités. Alors que le circuit opère sa mue vers les nouvelles énergies, ce clin d’œil au passé semblait s’imposer.
Valorisation de lieux historiques
La restauration du mur de Manson s’inscrit dans une tendance qui a débuté il y a une quinzaine d’années. De nombreux projets de sauvegarde ont vu le jour sous l’impulsion de bénévoles passionnés qui regrettaient de voir disparaitre des symboles du passé et de périodes heureuses. Les premier projets ont vu le jour le long de la mythique Nationale 7. Quelques beaux exemples de restauration de publicités peintes sont à découvrir dans la Drôme à Tain-l’Hermitage. Plus proche de l’Auvergne, toujours sur le tracé de la nationale 7, des passionnés ont passé des weekends entiers via le projet « Ren’essence » à redonner vie à une ancienne station service OZO disparue sous les ronces au Coteau près de Roanne. Mais le plus gros projet de ce type est dans doute celui de l’ancien circuit automobile de Reims-Gueux. L’ensemble des stand et les tribunes de ce lieu, classé Monument Historique depuis 2009, a été restaurés par des bénévoles et il est devenu un véritable lieu de pèlerinage pour tous les passionnés de sports mécaniques.
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