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Au travail à Brioude / Photo Y. Meunier
Au travail à Brioude / Photo Y. Meunier
Chroniques

Big Bang et Tohu Bohu en jaune et bleu

Annoncé de bonne foi mais néanmoins imprudemment par son président en fin de saison dernière, l’objectif du TOP6 était devenu chimère au fil du calendrier de l’ASM. Fut-ce la révolution culturelle de l’embauche de l’amiral Urios pour redresser la barre du navire jaune et bleu, le coup de blues de la ‘’Yellow Army’’ avait pris des allures de commotion longue durée. Mais…

Big Bang

Après que la démonstration toulousaine du 1 er janvier eut rempli le Michelin comme au temps d’avant, le financier du club jaune et bleu pouvait tirer le nez au vu de l’affluence moyenne tombée en-dessous de la barre des 14000 spectateurs. Le syndrome de l’ischio-jambier agrémenté de pépins physiques en tous genres affectant grandement la tête et les jambes d’un effectif globalement trop moyen, les voyages à vide en terrains adverses plombaient à la fois le classement du Top14, le parcours européen et le moral des tribunes.

Le Michelin au soleil / Photo Y. Meunier
Le Michelin au soleil / Photo Y. Meunier

Et puis, par un beau samedi de début mai, voilà que le soleil radieux inonde un Michelin quasi comble, enthousiasmé par la victoire à 5 points face à Paris. Sans doute aussi un effet Big bang, l’ASM venant d’annoncer qu’un souffle nouveau allait balayer toutes les strates de la maison passant par retraite anticipée du président, le retour en scène d’un directeur général ou la restructuration des différents services souvent trop portés à vivre sur des acquis. Bref, tout le monde allait devoir se bouger le c.. pour redonner au club le rang qui était le sien il n’y a pas si longtemps. De quoi requinquer le moral de la Yellow Army.

Il faut dire que les erreurs de gestion, sportives ou autres, et un certain laisser-aller qui ont fait suite au deuxième Bouclier ont ramené le club au début du 21ème siècle.

Retour vers le futur

Époque à laquelle, au soir d’une demi-finale perdue, le président d’alors n’hésitait pas à affirmer devant mon micro de France3 qu’il « valait mieux perdre aujourd’hui plutôt que d’être encore une fois battu en finale la semaine prochaine. » Pourquoi pas ? Mais par charité, j’avais choisi de ne pas diffuser à l’antenne ce qui aurait pu être une galéjade.

Le duo Pineau-Fontes 2010 / Photo éd. Revoir
Le duo Pineau-Fontes 2010 / Photo éd. Revoir

Soucieux de réhabiliter le club, Edouard Michelin allait donc sortir René Fontès de sa retraite provençale, assignant à l’ex-cadre de la manufacture la mission de mettre le club, sportivement et économiquement, sur les rails d’un véritable professionnalisme. La nomination du rigoriste Jacques Pineau comme directeur général conjuguée à celle de Jean-Marc Lhermet à la direction sportive allait préparer l’arrivée de Vern Cotter et l’ascension que l’on connait vers les sommets du rugby hexagonal.

Deux décennies plus tard, il ne fait pas de doute que l’agacement de la maison mère ait à nouveau poussé à l’action. Sans esquiver son autocritique le président Jean-Michel Guillon pouvait ainsi, ‘’à la Prévert’’, dresser un inventaire des emmerdes qui lui étaient tombées dessus en escadrille avant d’annoncer qu’il passait la main au terme de son mandat de trois ans.

Tohu Bohu

Les agitateurs de casseroles des réseaux sociaux devront trouver une nouvelle tête de Turc sur laquelle déverser leur bile assassine. Tous bien sûr adeptes de cette devise d’un bon vieux film des années 70 : ‘’C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule…’’. Mais c’était plus marrant avec Blier, Lefebvre, Serrault et compagnie. (1)

Relai Guillon-Pats / photo ASM
Relai Guillon-Pats / photo ASM

Le besoin ‘’d’énergie nouvelle’’ affiché par le président sortant sera donc assumé par son successeur Jean-Claude Pats, issu lui aussi de la DRH Michelin. « Encore un ! » disent les grincheux. Mais comment pourrait-il en être autrement quand on connait les difficultés financières du club et l’impérieuse nécessité de l’engagement de la grande maison dans son redressement ? D’autant qu’au delà des affaires courantes, l’ASM, sans doute victime de sa réputation de pays des Bisounours, se voit confrontée à des règlements de compte où la voracité semble le disputer à la vérité.

Il est bien connu que, peu calorique mais riche en composés antioxydants et en potassium, l’oseille se révèle pleine de vertus pour la santé. Elle pourrait probablement soulager les maux de ceux qui accusent le club de manquements à leur égard dans de ténébreuses affaires de médecine mal prises en compte.

Jusqu’à un toulousain ex-international tricolore qui condamne ainsi l’ASM « pour ses actions à l’encontre de plusieurs joueurs » dont elle se débarrasserait « comme de vulgaires chaussettes.’’ (2) Décidemment, c’est pas parce qu’on a rien à dire….

Qui, hors les protagonistes, connait vraiment les dossiers ? ‘’Quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier. Elle met plus de temps mais elle finit toujours par arriver’’ (proverbe africain).

Pour faire recette, on fait reset

Un qui a du pain sur la planche c’est le successeur à distance de Jacques Pineau. D’abord chargé de mission afin d’auditer la structure économique de l’ASM avant de coiffer la casquette de DG, on pourra sans doute compter sur Benoit Vaz et ses compétences en entreprise pour dépatouiller le club des embrouilles juridico-sportives qui ne font honneur à personne, revaloriser la ‘’marque ASM’’ et optimiser l’outil qu’est le stade Michelin via une nouvelle approche du business jaune st bleu.

Benoit Vaz / Photo Y. Meunier
Benoit Vaz / Photo Y. Meunier

Hors des clous cette saison en TOP14 et condamnée à se satisfaire du challenge européen pour le prochain exercice, l’ASM n’avait pas d’autre option que d’appuyer sur le bouton ‘’reset’’ pour redonner l’espoir à ses supporters.

Nul doute que l’arrivée à Clermont de Christophe Urios ait été un choix déclencheur du Big Bang montferrandais. Sous son apparence d’ours jovial parfois grincheux et sans langue de bois, l’homme sait jouer le tableau de l’exigence derrière celui de la séduction. La purge de l’effectif jaune et bleu au regard du recrutement annoncé en est la preuve.Persuadé que rien ne peut fonctionner si le couple entraineur-président n’entre pas en fusion, il clame aussi la nécessité qu’il en soit de même avec le club et le territoire. Pour preuve les opérations ‘’journées jaunardes’’ qui sortent les joueurs et le staff de leur zone de confort pour aller fouler les pelouses d’ici et là et toucher au cœur des auvergnats. Comme ce fut le cas à Brioude dans les effluves de saucisses-merguez partagées avec les bénévoles du SCB, les jeunes du club, et devant un millier de curieux. Vivement la saison prochaine et les effluves du plaisir.

Christophe Urios à Brioude / Photo Y. Meunier
Christophe Urios à Brioude / Photo Y. Meunier

(1)Film de jacques Besnard 1975
(2)Tweet de Maxime Mermoz repris par Rugbyrama 6 mai 2023

Les effluves du plaisir / Photo Y. Meunier
Les effluves du plaisir / Photo Y. Meunier

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

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