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Avenue de l'Union Soviétique depuis vue depuis l'Avenue Michelin l'avenuesens nord
Photo 7 Jours à Clermont
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Avenue de l’Union Soviétique à Clermont : le débat refait surface

Louis Giscard d'Estaing a relancé le vieux débat clermontois à propos de l'Avenue de l'Union Soviétique. Pour le maire de Chamalières, vice-président de Clermont Auvergne Métropole, le conflit actuel en Ukraine devrait pousser Olivier Bianchi à changer le nom de cet axe où est installé le siège de la métropole. Sur cette question récurrente, Marc François avait rencontré le maire de Clermont il y a un an et demi à une époque où l'on parlait des déboulonnages de statues. Voici in extenso, l'article publié par 7 Jours à Clermont.

Avenue de l’Union Soviétique : ce nom qui embarrasse
par Marc François

Clermont célèbre toujours l’Union Soviétique, à travers une avenue emblématique, en dépit des crimes commis au nom du communisme. Nous avons demandé à Olivier Bianchi, le maire de la ville, son point de vue sur ce nom qui évoque une histoire sanglante.
(article publié le 14 octobre 2020.)

Des millions de morts, des camps de déportation en quantité, des famines orchestrées, un état totalitaire, répressif, militaire. Et un rideau de fer tiré sur la moitié de l’Europe. Serait-ce une pacotille de l’histoire ? Une insignifiante broutille ? A Clermont, en tous cas, on célèbre encore la défunte, la grande Union des Républiques socialistes soviétiques et ses « héros » meurtriers, en lui consacrant une avenue emblématique. Celle qui abrite la gare et par laquelle les voyageurs, tout juste descendus du train, découvrent la ville. Un grand bol de communisme rouge sang comme entrée en matière.

« Ne pas ouvrir la boîte… »

Le débat sur le nom, qui évoque la révolution et la guerre froide, n’est pas nouveau. Au début des années 2000, des riverains avaient déjà saisi la municipalité dans le but d’obtenir la débaptisation. Une demande rejetée par les élus à un moment, il est vrai, où le Parti Communiste pesait encore et où il n’était pas judicieux, électoralement, de se priver d’un tel allié pour l’équipe au pouvoir. Les temps ont changé et il nous taraudait de connaître la position d’Olivier Bianchi qui affiche des positions modérées et que l’on ne peut soupçonner, a priori, de sympathie pour Staline et ses sbires. « Il faut d’abord rappeler que c’est aux lendemains de la deuxième guerre mondiale que trois avenues clermontoises ont pris le nom d’alliés : Grande-Bretagne, Etats-Unis et Union Soviétique. Il s’agissait évidemment de mettre en exergue la participation déterminante de ces pays dans la libération de l’Europe. N’oublions pas que 20 millions de soldats soviétiques sont morts sur le front de l’est et que leur rôle a été primordial pour nous débarrasser du nazisme » rappelle le maire de Clermont, réélu au mois de mai dernier. L’histoire, en effet, ne doit pas être balayée d’un revers de manche. Et c’est aussi en son nom, en la mémoire du Goulag, des grandes purges, des famines que la célébration de l’URSS (disparue le 25 décembre 1991) peut offusquer alors que nul n’ignore aujourd’hui les crimes commis par le régime soviétique. « Mon avis est qu’il faut continuer à écrire et faire des recherches sur ces abominations » estime le maire de Clermont. « En tant que passionné d’histoire, je connais tout ça. Mais si l’on doit toiletter le nom des rues, alors on risque d’ouvrir la boîte et d’aller vers une sorte d’épuration, de décontextualisation de l’histoire. Cela peut conduire aussi à déboulonner des statues. Voilà pourquoi je n’y suis pas favorable… »

Avenue des alliés de 39-45 ?

L’avenue de l’URSS serait donc « sauvée des eaux » pour ne pas faire de cas particulier ? Toutefois, Olivier Bianchi se veut pragmatique et ne referme pas complètement la porte. « Si le débat devait se poursuivre et engendrer des passions, nous pourrions retomber sur nos pattes. Le nom d’ »avenue des alliés de la guerre de 39-45″, en soulignant le rôle de chacun, ne me choquerait pas. C’est une possibilité » explique-t-il. En attendant, Clermont honore toujours la grande Union Soviétique, le sacrifice de ses soldats mais aussi le pacte Germano-Soviétique, le massacre de Katyn, les camps de la mort en Sibérie, les répressions de Budapest et Prague, pour ne citer qu’eux. Une longue liste d’infamies commises sous le signe de la faucille et du marteau. Tant pis pour les victimes…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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