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Annemiek Van Vleuten / Photo Wikipédia
Annemiek Van Vleuten / Photo Wikipédia
Edito

Vive les femmes !

Le Tour de France cycliste féminin qui a pris la suite de la Grande boucle, fut un beau cadeau. Non seulement la semaine supplémentaire a permis d'éviter le fameux blues post Tour, mais elle a bousculé les idées reçues en offrant un spectacle sportif exceptionnel.

La France vient de vivre une semaine au rythme du nouveau Tour de France féminin. Quel bol de fraicheur après les trois semaines passées en compagnie des coureurs de la Grande boucle qui nous ressert toujours les mêmes scénarii, un brin soporifiques, avec des leaders protégés, des étapes dont on devine au jour le jour les résultats et cette ineptie de boucle finale neutralisée sur les Champs-Elysées. Le Tour féminin 2022 nous a ramené au cyclisme à l’ancienne, celui dont parlait si bien Antoine Blondin, celui où tout peut arriver jusqu’au dernier hectomètre, y compris lancer une attaque sur la porteuse de la tunique jaune en proie à des soucis mécaniques.
Qui aurait pu prédire qu’une femme de presque 40 ans, malade les premiers jours de l’épreuve, allait s’imposer aussi magistralement dans les deux dernières étapes taillées pour une superwoman ? Quel plaisir de retrouver des échappées qui « vont au bout », de l’entraide au sein des équipes et non une organisation militaire qui impose aux sans-grades de « tirer » leurs leaders jusqu’à épuisement, sans aucune chance de monter les marches du podium protocolaire.

Humanité

Alors que les hommes affublés de caques et de lunettes pédalent anonymement avec des visages de robots, les femmes, elles, transmettent d’avantage leurs sentiments, sourient à la première occasion, font des bises familiales à l’arrivée des étapes, n’hésitent pas à grimacer devant les caméras du direct. Il y a chez elles, beaucoup d’humilité et surtout d’humanité, quel que soit leurs palmarès. Durant l’épreuve, on retrouve, avec délectation, la dramaturgie désormais absente des courses masculines. A l’arrivée les femmes partagent leur bonheur d’avoir gagné ou d’avoir seulement participé à une épreuve au nom mythique quand les hommes restent à commenter le chrono et à fomenter une stratégie pour le lendemain.

Evolution sociétale

Ce nouveau Tour aura eu le grand mérite de féminiser un sport où le machisme était de mise depuis belle lurette. Une accablante archive TV ressortie pour l’occasion et devenue virale, témoigne du grand pas franchi cette semaine. Une discussion sur le cyclisme féminin entre Jeannie Longo et le champion de France de l’époque est un document à charge et sans appel. Marc Madiot, qui depuis est devenu manager de la Groupama FDJ, déclarait « Voir une femme danser c’est très joli, voir une femme jouer au football ou faire du vélo c’est moche. Le sport cycliste est un sport extrêmement difficile et j’aime trop les femmes pour les voir souffrir »… Longo avait prédit que les hommes qui pensaient cela seraient, un jour ou l’autre, rattrapés et ringardisés. Nous y sommes. Annemiek Van Vleuten, Demi Vollering, Katarzyna Niewiadoma, Marianne Vos et toutes les autres participantes nous ont bien salué depuis la ligne d’arrivée vosgienne de la Planche de Belle Filles, un lieu symbolique tant par son nom que par sa topographie.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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