Cela peut paraître totalement incongru mais une micro brasserie fonctionne bel et bien au cœur du lycée Lafayette de Clermont. « La bière était un prétexte dans la recherche d’outils permettant de valoriser les technologies du BTS CIRA, Contrôle industriel et régulation automatique » explique Christine Pélissier cheffe d’établissement. « Pour valoriser ces technologies, il nous faut produire, alors nous avons réfléchit à un objet de production nous permettant d’être proches des industriels locaux et nous nous sommes tournés vers l’agro-alimentaire. La fabrication de la bière correspond bien à un produit que nous sommes en capacité de produire sur le site, avec toutes les règles sanitaires à respecter. »
Un outil de brasseur dans un cadre pédagogique
Le lycée a choisi de partir d’un style de brasserie professionnelle que les professeurs ont fait évoluer en outil pédagogique. « Il ne s’agissait pas de monter outil de production, car la production doit rester un prétexte et le volume modeste. Le but était de faire évoluer cet outil de brasseur pour que les élèves l’utilisent dans un cadre pédagogique. Il fallait le construire et le faire évoluer. Pour cela nous avons bénéficié de l’accompagnement de deux partenaires industriels » poursuit Christine Pélissier. « La bière se nomme L’Ellipse, pour reprendre la forme du lycée Lafayette. Nous en produisons en fonction des besoins pédagogique de la section, c’est à dire une à deux fois par an ». Malheureusement pour les amateurs, cette bière douce et légèrement ambrée n’est pas commercialisée. Ceux qui ont la chance de la goûter sont des privilégiés. La dernière cuvée sortie tout récemment de l’établissement est une cuvée spéciale, produite en hommage à Louis Pasteur dont on fêtera le bicentenaire de la naissance le 27 décembre prochain. Son visage apparaît d’ailleurs sur l’étiquette dont la création a été confiée aux élèves du pôle plurimédia.
Une cuvée spéciale en l’honneur de Pasteur
Mais que vient faire Pasteur dans cette histoire de bière ? Au XIXe siècle, Louis Pasteur occupe la chaire de chimie de la faculté de Paris et la chaire de chimie physiologique à l’école des Hautes Etudes. Il est proche de Napoléon III et vit très mal sa capitulation dans la guerre de 1870 qui oppose la France à l’Allemagne. Alors que les Prussiens assiègent Paris, il décide de quitter la capitale en 1871. Il ne peut pas retourner à Dôle, sa ville natale et décide de venir à Clermont invité par un de ses anciens élèves, Emile Duclaux, devenu professeur suppléant de chimie à l’Université de Clermont. Lors de son séjour auvergnat, il rencontre monsieur Kuhn brasseur installé à Chamalières (dans ce qui sera plus tard le quartier de la Banque de France) qui lui fait part de ses difficultés pour maintenir une qualité durable de ses produits. Pasteur se met à faire des recherches sur la conservation de la bière, espérant bien devancer les Allemands et prendre, en quelque sorte, sa revanche. A l’issue de ses recherche, il déclare : « J’ai la conviction d’avoir trouvé une solution rigoureuse et pratique du problème ardu que je m’étais proposé, celui d’une fabrication applicable en toute saison et en tout lieu, sans la nécessité de recourir aux moyens frigorifiques dispendieux qu’exigent les procédés actuels, et néanmoins avec l’avantage de la conservation infinie des produits. » Les élèves brasseurs du lycée Lafayette deviennent ainsi les héritiers d’un mode de production amélioré par Pasteur, cela valait bien une cuvée spéciale.
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