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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Tableau de chasse

Septembre rime avec reprise de la chasse. Finie la tranquillité dans les campagnes. Le carnage peut reprendre. Feu à volonté...

S’en prendre aux plus faibles, ça n’est ni beau, ni courageux. Surtout lorsqu’on dispose d’une arme à feu et que la cible vivante, au bout du fusil, n’a d’autre alternative que de tenter de prendre la fuite.

La mort annoncée

C’est la pire des saisons. Plombée et sans espoir. Déclinante. Feuilles mortes, jours qui déclinent, moral en berne. L’automne, à coup sûr, est une petite mort. Une plongée inexorable vers le froid qui engourdit et l’obscurité qui fige.
Mais si l’automne est hostile, c’est aussi et peut-être d’abord parce qu’il rime avec chasse, cette pratique cruelle et sanglante qui consiste, pour ses pratiquants, à tuer par plaisir. Un massacre, en fait, qui reprend chaque année quand l’été s’en fuit. Tout y passe, alors, mammifères et autres volatiles, sans l’ombre d’un scrupule, sans la moindre compassion. Je te tue parce que c’est mon pouvoir, je te tue parce que c’est mon plaisir, parce que j’ai mon permis de chasse, mon permis de tuer…
Quand vient l’automne, la campagne se transforme en un vaste stand de tirs où se succèdent les battues, les carnages, les piégeages … Les animaux, terrorisés, y meurent par centaines de milliers quand ils ne sont pas mutilés ou grièvement blessés. Quant aux promeneurs, leur tranquillité est pour longtemps malmenée. Les chasseurs ont pris place et les coups de feu claquent, sans le moindre égard pour tous ceux qui ne portent pas de fusil.

De moins en moins nombreux mais puissants

Rien ne justifie cette pratique, à une époque où les espaces naturels se réduisent à une peau de chagrin et où certains animaux sauvages, affamés, désorientés, sont obligés de trouver refuge aux portes des villes. Rien ne la justifie, pas même la fameuse régulation auto-proclamée par les chasseurs eux-mêmes qui n’est en fait qu’un leurre et une ineptie scientifique.
En France, fort heureusement, le nombre de chasseurs n’a cessé de décliner au fil des dernières décennies. Et la population, dans sa majorité, est de plus en plus réticente devant cette pratique cruelle. Le lobby de la chasse, hélas, n’a pas perdu de son influence. Il reste puissant, omnipotent, intrusif, il infiltre les cercles de pouvoir, en particulier le parlement, pèse sur les décisions. En région Auvergne-Rhône-Alpes, la majorité actuelle a même délégué une partie des responsabilités environnementales aux associations de chasse, reléguant les acteurs de l’écologie, taxés de sensiblerie, au fond de la classe. Quant à Emmanuel Macron, il a carrément ouvert ses bras aux chasseurs, leur accordant satisfaction sur tous les plans, ce qui a provoqué l’ire de Nicolas Hulot et précipité son départ du gouvernement. Un retour en arrière consternant qui risque de nuire pour longtemps à la biodiversité. Que ne ferait-on pas pour caresser  une minorité agissante dans le sens du poil quitte à ce que d’autres y perdent des plumes ?

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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