Qu’est-ce qu’une année creuse, en fin de compte, sinon quelques mois en retrait? Rien de très préoccupant dans l’actuelle « crise » traversée par l’ASM Clermont Auvergne, rien qui engage pour l’avenir, annonce une catastrophe imminente ou remette en cause les acquis et les fondations très solides de ce club enraciné non seulement dans sa ville mais surtout dans sa manufacture… Le paysage du rugby français professionnel est immuable et l’on sait déjà que ce sont les mêmes qui reprendront les premières places encore et toujours les prochaines saisons, les mêmes gros bras qui joueront des coudes à l’avant-garde de ce petit peloton. Et si le jeu donne l’impression d’être parfois rebattu, au bout du compte, seules quelques cartes sortent et ressortiront, comme c’est le cas aussi au football. L’arrivée d’un impétrant dans ce club archi-fermé du Top 14 (plus encore aujourd’hui avec ce nouveau système resserré d’accession-relégation) est un événement rarissime, un accouchement qui n’est pas sans douleur et met des années à se produire. Voir Bordeaux, par exemple, dont l’avènement est annoncé depuis belle lurette, mais qui peine visiblement à se faire une place de choix au sein de ce cénacle de privilégiés. Et Lyon, l’ambitieuse, dont on ne sait tout à fait si elle parviendra, in fine, à justifier son projet.
Les parts du gâteau
Un petit monde immuable, donc, au sein duquel la place incontestable de l’ASM ne peut évidemment être remise en cause par quelques mauvais résultats et une absence très probable lors des phases finales du championnat de France. Pensez- donc, les supporters jaunes et bleus ont attendu des décennies pour concrétiser leur rêve de Brennus, ils patienteront bien quelques mois supplémentaires pour fêter un troisième titre national. Celui-ci arrivera nécessairement, ils ne sont, en effet, que quelques uns à se partager le gâteau et à se répartir ainsi les parts à tour de rôle, avec gourmandise.
La « petite » Europe en vue
Reste évidemment cette Coupe d’Europe qui, en rugby, porte mal son nom et il vaudrait mieux parler ici de challenge franco-britannique, sans fustiger pour autant les clubs italiens, simples faire-valoir, dont on se demande décidément ce qu’ils viennent faire dans cette cour des grands. Cette compétition pourrait bien, finalement, revenir aux Clermontois au mois de mai prochain au terme d’une saison qui deviendrait paradoxale.
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