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photo Valentin Uta.
Edito

Le jeu ou l’irrésistible besoin d’illusions

Seuls ceux qui jouent ont une chance de gagner. A condition toutefois d'accepter de perdre...

Tic tac. Non pas celui du réveil qui sonne toujours trop tôt. Tic tac comme ce satané jeu qui titille, qui triture, qui taraude, qui obsède… Bingo, loto, scorpio, keno, illiko, astro, vegas, morpion, black jack, solitaire… Et au bout du compte, toujours la même chanson, le même résultat. Tirés, grattés, ratés, jetés : les tickets partent à la poubelle où s’entassent ainsi, pèle mêle, les illusions perdues. Ce sera peut-être la prochaine fois ?

Fantasme

Le jeu correspond évidemment à la part du rêve : comment, sans autre effort que d’ouvrir son porte-monnaie, quitter subitement sa modeste condition laborieuse, s’élever dans la hiérarchie sociale et échapper aux problèmes financiers ? Comment changer de registre ? Comment faire fortune sans se casser la tête? Comment mettre la main sur ce satané magot ? Il tend les bras mais toujours se retire, s’échappe, se refuse. Caramba !

Toucher le gros lot appartient au fantasme… En réalité, cela n’arrive qu’aux autres. A se demander si les lauréats ne sont pas des créatures inventées de toute pièce par La Française des Jeux, des « héros » de fiction sensés illustrer la baraka quand le commun des joueurs est frappé d’une guigne chronique, qui lui colle à la peau.

Ce ne sera pas vous

Non, bien entendu, ce grand gagnant du tirage au sort de l’Euromillion, ce ne sera pas vous. Pas davantage un vendredi 13, qu’un autre jour du mois. Pas plus demain, que dans l’avenir. Et le rapport-record, celui qui affole les compteurs, vous échappera toujours. Evidemment. Dans le meilleur des cas, vous vous contenterez de quelques billets, juste de quoi réinvestir dans de nouvelles tentatives. Les joueurs sont des perdants chroniques, réguliers, systématiques,compulsifs. Échouer est dans la nature-même de leur activité. Ils le savent, ils l’acceptent. Et ce qu’ils achètent, en fin de compte, est peut-être plus important que le gain lui-même : c’est l’adrénaline et le droit de rêver.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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