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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Sous les masques, les grimaces

Une nouvelle chape de plomb s'est abattue sur la société. Et les Français, désormais, n'aperçoivent plus d'issue à la crise. Même les plus optimistes sont devenus lucides.

Cet hiver sera long comme l’ennui. Et au-delà, nul ne peut prévoir de ce qu’il adviendra du printemps. L’invraisemblable séquence que nous traversons plombe nos seulement nos libertés les plus élémentaires, mais elle remet en cause les projets, les perspectives, les relations aux autres.  En même temps qu’elle égratigne notre confiance en les responsables. De toute évidence, elle dépasse, de loin, le simple caractère sanitaire.

A l’ombre

L’attente peut paraître interminable derrière les murs. L’homme, en effet, n’est pas né pour être contraint, astreint, limité, bâillonné, soumis, réglementé, déresponsabilisé en permanence. Mais il lui reste au moins l’espoir de jours meilleurs, même s’il ne s’agit souvent que d’illusions.

Or l’espoir d’un printemps radieux s’est déjà éloigné. Autant le premier confinement pouvait être vécu comme une expérience, une attente, un « break » pour mieux repartir de l’avant, autant celui-ci se transforme en épreuve avec son lot de privations, d’enfermement, d’attestations, de découragement, d’incompréhension et de craintes pour l’avenir. Et pas l’ombre d’une éclaircie à l’horizon. « On peut redouter plusieurs vagues successives à l’issue de la phase actuelle. Il y a donc devant nous plusieurs mois extrêmement difficiles » a tenu à préciser le fameux conseil scientifique sans qui rien ne se décide depuis mars dernier. Des propos explicites qui ressemblent à une lourde menace au moment même où les Français perdent ce qui leur restait de moral. Et ne savent plus à quels saints se vouer.

Une séquence vertigineuse

A quoi donc ressembleront nos lendemains lorsque la liberté essentielle d’aller et venir nous sera rendue ? Y aura-t-il des lieux pour se rencontrer, des cafés pour échanger, des soirées pour se retrouver ? Les visages seront-ils encore masqués, la respiration étranglée ? Nos aspirations étouffées ? Pour combien de temps ?

Cette propension à protéger l’être humain malgré lui est vertigineuse. Jusqu’à présent, les sociétés s’efforçaient d’exclure les individus dangereux, elle choisit, en l’occurrence, d’écarter ceux qui pourraient le devenir, c’est-à-dire chacun d’entre nous, sous prétexte de les protéger. Une version inédite et paroxystique de « L’enfer c’est les autres » qui aurait des airs inquiétants de science-fiction.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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