Plus de deux tiers des électeurs clermontois ont déserté les urnes, hier. Une abstention massive, très largement supérieure à la moyenne de celle enregistrée en France. Au-delà de l’effet du coronavirus, qui a impacté l’ensemble du pays, il faut y voir aussi la conséquence d’une campagne brouillée et de faible qualité. Tout autant que le résultat d’une élection sans véritable suspense. Ils ne furent donc que 23.443 à voter par une journée ensoleillée et printanière. En obtenant 38, 09% des voix, Olivier Bianchi, le maire sortant, qui craignait une démobilisation des électeurs, a assuré l’essentiel. Son score est largement supérieur à celui obtenu en 2014 (30,99%) et il peut, dès lors, entrevoir la suite avec sérénité. Car, en plus de sa confortable avance, il semble disposer de réserves de voix appréciables.
La droite recule à Clermont
En revanche, le premier tour révèle une droite en recul par rapport au scrutin de 2014 lorsque Jean-Pierre Brenas avait frôlé les 25%. Cette fois, il doit se contenter de 20,74%. Sans aucun doute, l’attelage formé avec le centriste Michel Fanget n’a pas porté ses fruits, en plus d’un contexte national moins favorable qu’il y a six ans. Les espoirs du chef de l’opposition municipale sont faibles en vue d’un hypothétique deuxième tour.
Eric Faidy espérait que la greffe République en Marche prendrait à Clermont. Avec 15,54% et une position de «troisième homme », son résultat est mitigé. Il reste à savoir quelle position il va adopter pour la suite des événements, un rapprochement avec Jean-Pierre Brenas n’étant pas à exclure. Avec quelle contre-partie?
Quant à Marianne Maximi, avec ses 12,31%, elle est peut-être bien la véritable gagnante de ce premier tour. Sans doute courtisée par Olivier Bianchi, la candidate soutenue par La France Insoumise a la possibilité de se maintenir ou bien de négocier son capital auprès du maire sortant.
Totalement novice en politique, le comédien et écologiste Philippe Fasquel réussit un score correct avec ses 6,3% (qu’il faut tout de même relativiser au regard de la vague verte en France), devançant un Rassemblement National (Anne Biscos- 5,38%), dont la campagne fut étrangement exsangue, alors qu’il y a six ans, Antoine Rechagneux s’était qualifié pour le second tour. Quant à Marie Savre (Lutte Ouvrière), elle ne rassemble que 1,6% des voix…
Dans ce paysage, sans véritable surprise, la seule incertitude, en vue du deuxième tour, semble provenir des abstentionnistes. Ces 67% d’électeurs clermontois qui ne se sont pas déplacés et que les candidats qualifiés vont tenter de séduire. Mais il apparaît peu probable qu’ils se « réveillent » dimanche prochain (si l’élection est maintenue) surtout dans le climat actuel, si peu propice à la mobilisation.
Réélus dès le premier tour
François Rage (gauche plurielle) est le nouveau maire de Cournon. Élu dès le premier tour, il succède à Bertrand Pasciuto (qui ne se représentait pas) dont il était là jusque-là le deuxième adjoint. Succès également pour Hervé Prononce (UDI), réélu avec le score ô combien confortable de 77,2% au Cendre. Résultat tout aussi éloquent pour Laurent Brunmurol (sans étiquette) à Romagnat avec 77,51% des suffrages exprimés et pour Frédéric Bonnichon (Les Républicains) qui réalise le score « écrasant » de 81,8% à Châtel-Guyon. Marcel Aledo est élu dès le premier tour à Royat comme Flavien Neuvy à Cébazat, Henri Gisselbrecht à Lempdes, Serge Pichot à Gerzat, Laurent Ganet à Nohanent, Jean-Marc Morvan à Orcines. Quant à Christine Mandon (Aulnat), elle l’emporte sans la moindre surprise puisqu’elle était seule en lice.
Des situations indécises
A Chamalières, les jeux sont loin d’être faits. Louis Giscard d’Estaing, maire sortant UDI, pointe en tête à l’issue du premier tour, avec 42,78%. Mais il est talonné par son ancienne adjointe, Julie Duvert (38,32%), portant les couleurs de La République en Marche. Qualifié également, le socialiste Thomas Merzi (13,92%) a décidé de se maintenir. Tout reste possible également à Aubière, où le divers droite Sylvain Casildas (45,18%) devance d’une courte tête le candidat de l’Union de la Gauche, Florent Guitton (44,77%). A Beaumont, dans un duel entre le maire sortant et son premier adjoint, c’est le second nommé qui arrive en tête, Jean-Paul Cuzin (divers centre) devançant, avec 34,32%, le Républicain Alain Dumeil (28,42%) tandis que deux listes de gauche (qui pourraient fusionner) se qualifient pour le second tour.
Riom va-t-elle basculer?
A Pont-du-Château, Nathalie Cardona (investie par le PS) devance le maire sortant Patrick Perrin. Mais avec 37,68% pour l’une et 35,46% pour l’autre, l’avenir demeure incertain, d’autant que la droite sera présente lors du second tour avec Michel Mirand (26,86%). Enfin, à Riom, Pierre Pécoul (divers droite) dispose, avec 41,55% des suffrages exprimés, d’une avance de dix points sur son premier adversaire Charles Brault (soutenu par le PS et Europe Ecologie Les Verts) tandis que Boris Bouchet (Parti Communiste et Les Insoumis) réalise 19,56% des voix. La situation du maire sortant se révèle pourtant périlleuse face à une probable alliance entre les forces de gauche.
Un second tour improbable
Interrogé par les journalistes de France 2, hier vers 19h, le ministre de l’économie Bruno Lemaire a évoqué le second tour en affirmant que le gouvernement saurait « adapter le dispositif à la réalité de la situation sanitaire ». Dans le même temps, de nombreux médecins réclament l’annulation de ce scrutin. Il est probable que le débat ne va cesser d’enfler durant les prochaines heures et l’on voit mal les responsables publics maintenir l’élection si ils imposent, d’ici là, de nouvelles mesures de confinement aux Français. Le Premier Ministre pourrait, alors, décider, par décret, de reporter le second tour. Dans ce cas très probable, quid du premier tour ?
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