Décidément, jamais la pratique du vélo n’aura autant polarisé l’attention à Clermont. Jugeant que la mise en place du schéma cyclable métropolitain est trop lente, les élus d’opposition viennent de publier une lettre ouverte destinée à Olivier Bianchi.
C’est en avril 2018 que le maire et président de la métropole avait présenté le schéma cyclable métropolitain prévoyant d’offrir aux cyclistes, 365 km d’aménagements à l’horizon 2028 pour un coût total de 31 millions d’euros. Déjà lors de la présentation, l’opposition ne trouvait pas le schéma assez ambitieux et critiquait la lenteur de sa mise en œuvre. (lire notre article Clermont Change de braquet). Trois ans et demi plus tard, des aménagements ont bien vu le jour, mais le Covid est venu mettre ses bâtons dans les roues à rayons, engendrant des retards de calendrier. Pendant ce temps, la circulation automobile n’a pas vraiment régressé par contre la pratique du vélo à progressé, poussée par la nécessité de respecter les gestes barrières mais aussi par la prise de conscience écologique.
« Adapter notre ville à la nouvelle place occupée par le vélo »
Curieusement, les élus d’opposition ouvrent leur lettre consacrée aux pistes cyclables en évoquant d’abord la voiture, rappelant qu’ils sont contre la limitation à 30 km/h dont la mise en application débute le 1er décembre prochain. Le groupe Avenir Républicain représenté par Jean-Pierre Brenas rappelle que rien ne prouve les bienfaits de la mesure sur la pollution et que l’abaissement de la vitesse ne permet pas de réduire le nombre d’accidents mais seulement d’en minimiser la gravité. Il suggère de trouver des solutions pour détourner les véhicules en transit vers des axes de contournement et ressort le poussiéreux projet du BSO, le Boulevard Sud Ouest, véritable « serpent de mer » de l’agglomération. Une fois ces éléments posés, la lettre évoque l’impérieuse nécessité de mettre rapidement en place un véritable réseau de pistes cyclables, continues et sécurisées, ainsi que les infrastructures nécessaires au développement des mobilités douces. En complément l’opposition appelle la municipalité à « accélérer la réalisation des deux lignes de transports en commun, de façon intelligente, en protégeant l’attractivité commerciale de nos quartiers et en évitant d’engorger les axes annexes » ciblant au passage, le projet InspiRe qui génère encore beaucoup d’incompréhension et d’agacement.
Education et si besoin répression
Olivier Bianchi ne cesse de le répéter, lorsque la ville s’est développée, l’automobile était quasi inexistante. Il est évident que la quantité de voitures circulant aujourd’hui est devenue incompatible avec les infrastructures, et que seul une évolution des usages peut régler le problème de fluidité. Si la majorité et l’opposition ne partagent pas le même point de vue sur la place à accorder à l’automobile dans la ville, en revanche le besoin de changer les comportements fait l’unanimité. Avenir Républicain demande cependant » la mise en place d’une politique éducative, répressive le cas échéant, envers les automobilistes ». Peu de temps après la présentation du schéma cyclable, la métropole a pourtant publié un « code de la rue » destiné à faire de l’éducation et de la prévention non seulement auprès des automobilistes mais aussi de l’ensemble des usagers. Au regard du comportement général sur la voie publique, on se rend compte que ce code n’est pas vraiment appliqué et qu’il y a encore un long chemin à parcourir. Les infractions et les incivilités étant au final assez peu sanctionnées, le sentiment d’impunité ne contribue pas au partage équitable et raisonné de l’espace. L’opposition y voit sans doute une forme de laxisme, alors que la municipalité se positionne davantage sur les registres de la liberté et du bon sens.
Commenter