Il y a 25 ans jour pour jour, arrivaient à Pontaumur, dans les Combrailles, les premiers tuyaux d’un instrument assez particulier, une réplique de l’orgue d’Arnstadt destiné à être installé dans l’église de Pontaumur. L’orgue de la Neue Kirche d’Arnstadt (nouvelle église d’Arnstadt, chef-lieu de l’arrondissement d’Ilm en Thuringe, Allemagne) est le premier instrument dont Jean-Sébastien Bach fut titulaire entre 1703 et 1707. Bach n’avait que 18 ans en 1703, mais cette jeunesse n’empêcha pas les conseillers municipaux du Comté de Schwarzburg de le nommer organiste de cet instrument tout neuf.
De nombreuses années plus tard, faire construire un orgue à tuyaux particulièrement adapté à la musique de Jean-Sébastien Bach était l’un des premiers buts de l’association Bach en Combrailles, qui ne souhaitait pas offrir au public l’œuvre du compositeur, en faisant l’impasse sur le répertoire de sa musique d’orgue.
Division autour du choix de l’orgue d’Arnstadt
L’idée de construite un orgue dans l’église Saint-Michel de Pontaumur était ancienne mais elle se concrétisa en 1998, sous la houlette de l’association. Plusieurs hypothèses autour d’orgues baroques de type allemand furent étudiées avant que ne s’impose celle d’une restitution de l’orgue d’Arnstadt dont la découverte par les membres de l’association fut un véritable choc. Les grands spécialistes de Bach accueillirent sans réserve l’idée d’une réplique, mais beaucoup de prétendus experts tentèrent d’imposer leur vision, celle de la construction d’un orgue sur lequel, on peut jouer toute les musiques et pas seulement celle de Bach.
L’association Bach en Combrailles, fondée en 1998 par Jean-Marc Thiallier, du se montrer convaincante afin d’imposer l’originalité et la spécificité de l’instrument qui allait se révéler, par la suite, un gage de réussite et d’intérêt durable. Mais construire cet orgue n’avait de sens que s’il pouvait devenir le principal pilier d’une manifestation annuelle, de type festival, qui intégrerait dans sa programmation, des auditions d’orgue quotidiennes et les cantates des concerts d’ouvertures L’orgue fut inauguré en 2004 et le choix se révèle judicieux avec, chaque année, 5 000 festivaliers qui fréquentent les 25 événements annuels de Bach en Combrailles. Le rendez-vous est devenu au fil du temps, le festival de référence en France pour l’exploration de l’œuvre de Jean-Sébastien Bach.
Deux claviers de 48 notes et un pédalier de 26 notes
L’orgue d’Arnstadt de 1703 avait été construit par le facteur Johann Friedrich Wender puis restauré entre 1997 et 1999 par Otto Hofmann d’Ostheim/Rhön. La construction de celui de l’église de Pontaumur fut confiée à François Delhumeau qui s’est attaché à créer la réplique la plus fidèle possible de l’instrument original après sa restauration. Il possède deux claviers de 48 notes et un pédalier de 26 notes. Son accord particulier et l’étendue inédite des claviers et du pédalier (une constante dans les instruments de l’époque en Allemagne) ne pose aucun problème pour l’interprétation de la musique de Bach et de ses prédécesseurs ou contemporains. En revanche cette configuration interdit l’interprétation de certaines pièces du répertoire romantique ou contemporain, ce que l’association assume parfaitement connaissant parfaitement bien le patrimoine instrumental de Clermont et de l’Auvergne en général, composé de nombreux instruments capables de restituer ce type de musique.
L’orgue de Pontaumur, prêt à fêter ses 25 ans en 2024
Même si comparé à celui d’Arnstadt, l’orgue de Pontaumur est encore tout neuf, il accuse cependant plus de 20 ans d’utilisation et comme tout les orgue, il devait faire l’objet d’un « relevage », afin de nettoyer et de réaccorder sa tuyauterie et aussi de pallier à quelques dysfonctionnements sur les plans sonores et techniques. Pour qu’il puisse fêter dignement ses 25 ans en 2024, le facteur Denis Marconnet, dont la manufacture est basée dans la Loire, est intervenu sur la partie technique et a assuré le nettoyage. Jean-Marie Tricoteaux, spécialiste mondialement reconnu de la facture d’orgue allemande des XVIIe et XVIIIe siècles, basé en Suisse, a assuré, quant à lui, la reprise totale de l’harmonisation.
Cette année, pour la 24e édition du festival, l’improvisation est au cœur des auditions d’orgue, mais pour 2024 et les 25 ans de l’instrument, une nouvelle cantate sera créée pour orgue et orchestre, à partir de l’effectif d’une cantate de Bach. Cette création fera écho à la cantate Nun Komm de Philippe Hersant, créée en 2019.
Commenter