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Grignoteuse - Muraille de Chine / Photo 7 Jours à Clermont
Photo 7 Jours à Clermont
Patrimoine

Muraille de Chine : le compte à rebours est lancé

Le chantier de déconstruction de la Muraille de Chine, emblématique immeuble HLM clermontois des années 60 à débuté. L'été prochain cette barre de 320 mètres de long ne sera plus qu'un souvenir.

Arrivée il y a quelques jours sur le plateau Saint-Jacques, l’énorme grignoteuse de 110 tonnes a déjà débuté le travail de déconstruction de la barre de logements sociaux communément appelée La Muraille de Chine. Ce chantier marque une phase très concrète de l’évolution urbaine de Clermont. Avec la disparition de cet emblématique immeuble, Clermont va définitivement basculer vers le XXIe siècle, celui de l’urgence climatique avec les besoins de retrouver des espaces verts. Lorsque l’immeuble aura totalement disparu, l’espace libéré deviendra un grand parc urbain de 3,5 hectares qui fera le lien entre le centre ville et le quartier Saint-Jacques.

Construit à l’époque des Trente Glorieuses

Cet immeuble dont le dossier technique fut élaboré de 1957 à 1960 pour l’Office municipal d’habitation à loyer modéré de Clermont-Ferrand, devait répondre à la forte demande de logements durant les Trentes Glorieuses, période marquée par une évolution spectaculaire du nombre d’habitants de la ville. 50 000 résidents supplémentaires entre l’après-guerre et le pic des années 70. Décision fut prise de construire ce bâtiment aux dimensions généreuses sous la direction de l’architecte en chef Georges Bovet, assisté par deux architectes d’opération Georges Lescher et Elie Marquet : 320 mètres de long, 30 mètres de haut, quatorze blocs accolés de 8 étages chacun, pour un total de 354 logements capables d’accueillir un millier d’habitants. Les premiers s’installèrent en 1961 alors que la première tranche n’était pas encore achevée. Le nom Muraille de Chine aurait été donné en 1960 par un journaliste de La Montagne et repris par Georges Bovet lui même, dans un rapport de 1966.

Un élément patrimonial à ne pas conserver

Si certains bâtiments méritent une conservation au titre de la sauvegarde du patrimoine bâtit, la question de l’avenir de l’immeuble fut posée 50 ans après sa construction, alors que son attractivité était en forte baisse par rapport aux autres immeubles du quartier et aux différentes propositions locatives du bailleur Logidôme devenu assemblia. Autres temps, autres exigences, il devenait très difficile de louer des appartements sans balcon, avec de petites surfaces (55m² pour un type 3, 7m² de cuisine) et des isolations phonique et thermique désastreuses. De plus, sa structure sous dimensionnée (13 cm d’épaisseur de plancher contre 18 aujourd’hui) ne correspondait plus aux normes sismiques actuelles. En 2016, deux ans après son élection à la Mairie de Clermont, Olivier Bianchi annonça le projet de démolition en accord avec le bailleur qui se retrouvait avec la charge du relogement des habitants. Certains « historiques » partirent à contre-cœur mais tous furent relogés dans de meilleures conditions sur la métropole. La muraille était devenue un élément patrimonial clermontois à ne pas conserver, sa démolition devenant un élément fort du projet de requalification du quartier Saint-Jacques qui va enfin pouvoir se reconnecter avec le reste de la ville.

Muraille de Chine depuis le bld Lafayette / Photo 7 Jours à Clermont
Une nouvelle perspective bientôt ouverte

Un bloc par semaine

Actuellement, 3 chantiers sont en cours sur la Muraille. Au centre de l’immeuble, une équipe poursuit le désamiantage, à l’ouest une autre équipe se charge de démolir le bloc le plus proche du viaduc, étage par étage, depuis le toit, ce qui permet de ne pas bloquer la circulation et de garantir la sécurité des automobilistes, enfin à l’est, l’une des plus grosse grignoteuse d’Europe, (déjà utilisée pour l’Allée des Dômes) a attaqué le premier bloc avec sa redoutable mâchoire, perchée au bout d’un bras de 38 mètres de long. Le rythme annoncé est la disparition d’un bloc chaque semaine jusqu’à l’été. En juillet le paysage clermontois sera donc totalement transformé, la frontière de béton aura laissé sa place à une perspective inédite. D’ici là, 30 à 40 personnes sont présentes chaque jour sur le chantier pour déconstruire et traiter une masse de gravats aussi imposante que la muraille elle-même. 93 tonnes de bois seront utilisés pour alimenter des chaufferies ou pour fabriquer de l’aggloméré, 13 000 tonnes de béton inerte serviront à la construction de routes ou de plateformes et 198 tonnes de métaux et ferrailles seront triées pour être recyclées. Le coût total de l’opération est estimé à 12 millions d’euros, pris en charge par L’ANRU, Agence Nationale de la Rénovation Urbaine, assemblia inscrivant de son côté 750 000 euros en perte de loyers et frais de reclassement des habitants.

Gravats Muraille de Chine / Photo 7 Jours à Clermont
Gravats Muraille de Chine / Photo 7 Jours à Clermont

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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