La Limagne Noire est une partie de la plaine assez éloignée de la rivière Allier qui ne possède pas de nappe phréatique en capacité de permettre l’arrosage. Pourtant, ce territoire très fertile où l’on cultive des céréales, semence, pommes de terre et oignons a des besoins en eau conséquents pour sécuriser les récoltes durant les épisodes de sècheresse. Face à ce problème, les exploitants se sont regroupés au sein de l’ASA Limagne Noire, association syndicale autorisée qui apporte une réponse concrète via un réseau d’irrigation.  

L’exemple californien

C’est lors d’un voyage en Californie qu’un ancien président de l’ASA Limagne Noire, Christian Liabeuf, à découvert que les eaux usées de la ville de San Francisco étaient réutilisées pour arroser les espaces verts. À son retour en Auvergne, il a lancé un projet pour l’irrigation des cultures, permettant de recycler environ 30 % des eaux de la station d’épuration de Clermont, destinées à être rejetées dans l’Artière. Le programme d’une ampleur inédite en Europe permettait de subvenir aux besoins d’irrigation entre les mois de mai et de septembre sans avoir à prélever l’eau dans le milieu naturel et en évitant de concentrer la pression sur l’eau de bonne qualité destinée prioritairement à la consommation humaine. Aujourd’hui l’ASA Limagne Noire, regroupe 55 agriculteurs et son réseau permet d’irriguer 750 hectares de grandes cultures.

Plus de bassins nécessaires

Pour garantir une eau de bonne qualité, il faut la traiter par lagunage, une technique biologique d’épuration dont le traitement est assuré par une combinaison de procédés aérobies et anaérobies impliquant des microorganismes comme les algues et le bactéries. Cette technique ne nécessite pas de produit chimique, ni de traitement mécanique, c’est la lumière du jour qui fait le travail. Cependant l’eau doit être déversée dans des bassins et stagner treize jours exposée aux rayons UV qui la débarrassent des germes et parasites. Dans un premier temps l’ASA a utilisé les bassins de l’ancienne sucrerie de Bourdon, mais afin de développer son réseau, elle avait besoin de 16 hectares de terrain supplémentaires. Le prix du foncier trop élevé pour une association ne permettait les acquisitions nécessaires. Un coup de main bienvenu vient d’être donné par la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui a réussit à fédérer les acteurs locaux en pilotant le rachat des 16 hectares par quatre collectivités : la Région AuRA, le Conseil départemental du Puy-de-Dôme, la Métropole de Clermont et la Communauté d’agglomération Riom Limagne et Volcans . En contrepartie, l’ASA Limagne Noire s’est engagée à pratiquer une agriculture vertueuse.

Plus de 2,6 millions d’acquisition de terrains destinés à l’ASA Limagne Noire

La Région s’est positionnée comme le premier financeur du rachat puisqu’elle y a consacré 1,2 millions d’Euros. L’acquisition va se faire par l’intermédiaire d’un établissement public foncier local. Le Conseil départemental du Puy-de-Dôme apportera 623 077 €, la Métropole 415 385 € et RLV 415 385 €. Les terrains seront mis à disposition de l’association, qui, suite à son changement de statut les rachètera dans quelques années, ramenant ainsi la contribution régionale à 600 000€. Cet accompagnement montre que les collectivités sont particulièrement attentives à la bonne gestion de l’eau qui devient très clairement un enjeu majeur pour les années à venir.