Soutenue par 7 Jours à Clermont, la VIIe édition de l’Étrange Festival, festival de cinéma décalé, se déroule toute la semaine au Capitole à Clermont. Souvent considéré à tort comme un festival de films fantastiques, il est ouvert à toutes les esthétiques cinématographiques. Pour mieux comprendre comment s’opère la sélection, le mieux est encore de le demander à Cyrille Rouel, président de l’association la Boîte Noire, qui porte le festival et Joël Caron le secrétaire.
7 Jours à Clermont : Comment définissez-vous la programmation de l’Étrange Festival ?
Cyrille : Il n’y a pas de réelle définition de ce que doit être la programmation d’un Étrange Festival. Par contre on a trouvé une formule qui nous convient bien : « C’est un cabinet de curiosités filmiques ». Cela correspond aussi bien à ce que l’on fait à Clermont qu’à ce qui est présenté à Paris. L’idée est de proposer un cinéma qui est difficile à voir, mais pas de le sens de l’inaccessibilité intellectuelle, mais plutôt des films qui ne sont pas distribués, n’ont pas été diffusés en salle ou ont complètement disparu.
7JàC : Les films projetés durant l’Étrange Festival sont donc généralement des films que l’on ne peut voir ni au cinéma, ni à la TV ou sur les plateformes ?
Cyrille : Pas nécessairement, c’est parfois l’occasion de mettre un coup de projecteur sur un film qui a pu marcher un peu, mais qu’on a largement oublié depuis ou inconnu des jeunes générations. Certains films que nous projetons sont disponibles sur les plateformes, mais ce sont souvent des films qui n’ont pas été vus en salle, certainement pas à Clermont.
7JàC : Comment expliquez vous qu’une grosse part de la production reste dans l’ombre ?
Cyrille : C’est complexe… c’est du à des systèmes de production et de distribution avec un principe économique et des tendances. Avant, on avait le direct to vidéo, des films ne sortaient pas en salle mais directement sur des supports physiques, location, DVD ou Blu-ray. C’était souvent du cinéma d’exploitation assez cheap, beaucoup de films d’actions un peu bas de gamme, du fantastiques, du Z qui pouvaient nous intéresser. C’était il y a a une quinzaine d’années et cela a disparu. Aujourd’hui, on va retrouver soit sur les plateformes, soit uniquement sur le support physique, voire pas du tout, des films qui seraient sortis en salle il y a 15 ou 20 ans. Ils sont de qualité, mais les distributeurs ne prennent pas le risque de les sortir tout bêtement.
7JàC : Du coup le choix est plus que large…
Joël : Il y a 10 000 films qui sortent chaque année, c’est donc compliqué de faire un choix car on projette 20 films sur 10 000. Avec Cyrille et Stéphane Haddouche, on opère donc des choix de programmation précis, mais en même temps, il faut que le festival soit l’endroit où l’on peut trouver et retrouver des choses pour toutes les générations. Les références ne sont clairement pas les mêmes pour le public des 20/25 ans que pour les quadras et les quinquas. Il y a de gros décalages.
7JàC : Vous fonctionnez quand même avec un parti-pris ?
Joël : On ne veut pas proposer quelque chose de trop lisse ou de tiède. On a envie que les gens réagissent dans leur fauteuil, qu’ils s’insurgent contre ce qu’ils voient, qu’il y ait au moins des réactions. On ne veut pas que les spectateurs sortent de la salle pour aller manger au resto et oublier ce qu’ils ont vu. On veut que les films marquent les gens et créent une envie. C’est pour cela que l’on propose de la diversité, c’est important pour nous.
7JàC : Il n’y a pas d’esthétique particulière pour l’Étrange Festival ?
Cyrille : Non, on est ouvert à tous les styles. On a tout de même un gros pôle qui va être le cinéma de genre, mais le genre peut s’immiscer dans un drame, dans un western, un peu partout finalement… le fantastique c’est le quotidien qui dérape en général. On ne s’interdit pas grand chose.
Joël : Il y avait cette formule à propos du fantastique :
« vous voyez un gars dans la campagne avec un fusil c’est normal, vous voyez le même gars avec un fusil en ville, ça devient étrange ». C’est la notion de décalage, de décadrage. Des fois, c’est rien, mais cela peut suffire à rendre la chose étrange.
Cyrille : Tous les films proposés ne sont pas forcément strictement étranges, c’est plutôt, l’amalgame, le magma, de ce que l’on propose au public, qui l’est.
L’Étrange Festival Clermont, VIIe édition du 5 au 12 novembre 2024, au Ciné Capitole, place de Jaude, une manifestation soutenue par 7 Jours à Clermont.
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