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Stade de nuit / Photo DR
Stade de nuit / Photo DR
Chroniques

Les feux de la rampe

Rien d’anormal si pour la première fois dans l’histoire du sport clermontois, le budget du rugby se trouve maintenant distancé par celui du foot : 30 millions € pour l’ASM contre 36,3 millions € pour le Clermont foot. Reflet d’une opposition entre deux systèmes économiques très différents dans une dynamique inversée.

« Mon fils Léo joue à l’école de rugby de Cournon, il est à fond dans l’ovale. Au départ d’ailleurs, j’étais moi-même plutôt rugby ! » Surprenant mais donc pas étonnant que des photos vintages d’affrontements ovalesques ornent les murs du bureau clermontois d’Alex Santos, patron de DBM (De Bussac Multimedia) et président du Club Entreprise Clermont Foot 63. Rugby ou pas, la ‘’culture foot’’ inscrite dans les gènes de tout portugais l’a irrésistiblement amené vers le ballon rond pour rejoindre en 2015 le cercle des partenaires en rouge et bleu, bientôt animé d’une forte envie de dynamiser l’institution.

Alex Santos / Photo Yves Meunier

Évolution et révolution

C’est dix ans plus tôt, juste avant que président Alain Dalan cède les manettes du Clermont Foot à Claude Michy, qu’avait vu le jour le premier Club Entreprises du CF Auvergne, porté sur les fonds baptismaux par un certain Jean-Michel Aulas venu de Lyon en voisin non sans rappeler qu’il avait débuté dans les affaires à Pont-du-Château. Au fil des années suivantes, l’entité Club Entreprises se délitait peu à peu au point qu’une refondation s’imposait en 2009. Il fallait relancer le partenariat face à la montée en puissance du rugby symbolisée par la création de l’association ‘’Entreprises ASM en mêlées’’ qui affichait l’ambition de favoriser les relations d’affaires jusqu’à mettre en place un ‘’Business Rugby Club’’ permettant les rencontres et collaborations professionnelles.

« Le problème, c’est que le Club Entreprises du Clermont Foot n’avait pas emboité le pas du rugby et que le mot business y était quasiment tabou ! » Et Alex Santos d’ajouter : « Il aura fallu des débats parfois houleux et pas mal de temps pour que ça change ».
Porté par le développement de son entreprise, spécialisée dans la création de sites internet et employant 50 personnes dont 15 dans sa filiale portugaise, l’homme de Viseu apportait son dynamisme à la tête du Club Entreprises en 2018…alors même que le Clermont Foot 63 allait bientôt crever l’écran avec l’arrivée du nouveau propriétaire et businessman Ahmet Schaefer.

Photo Yves Meunier

Le langage des chiffres

30M€ pour l’ovale contre 36,3M€ pour le ballon rond, l’écart n’est pas tant dans le montant des budgets de cette saison 2022-23 que dans les principaux postes. En additionnant les 12,5M€ de droits TV et les 16,5M€ apportés par CVC (fonds d’investissement actionnaire de la Ligue de Foot Pro) le budget du foot est alimenté à hauteur de 80%. Billetterie, boutiques et buvettes apportant 10%…comme le partenariat chiffré à 3,5M€. Tout le contraire du rugby où les 15M€ du partenariat représente 50% des recettes, le reste provenant des droits TV (17%), de la billetterie (20%), de l’évènementiel, des produits dérivés et divers.(1) Autant de chiffres qui parlent mais qui ne sont pas forcément significatifs en termes de dynamique. Avec 540 partenaires dont 250 adhérents pour ‘’ASM en Mêlées’’ le rugby semble avoir touché un certain plafond après les saisons glorieuses du bouclier 2010 à celui de 2017 et une conjoncture sportive actuellement peu favorable.
A l’inverse, la mémorable accession du Clermont Foot en Ligue1 a enclenché une incontestable dynamique venue appuyer les efforts de séduction entrepris en direction du tissu économique. Même limitée à 10% du budget, l’implication de l’économie locale est fondamentale.

Photo Yves Meunier

Les feux de la rampe

D’une trentaine d’adhérents en 2015, l’effectif du Club Entreprises vient de passer le cap de la centaine sur un total de 260 partenaires représentant les 350 sociétés qui soutiennent le Clermont Foot.
Pour partie ce sont de nouveaux venus au foot mais aussi d’anciens partenaires historiques de retour à leurs premières amours, même s’ils demeurent fidèles au stade Michelin à l’image des frères Babut (sur la photo). Avec DBM, Alex Santos a d’ailleurs lui aussi un pied chez les jaune et bleu. Comme au rugby, il convient à un partenaire d’être possesseur de places d’hospitalité (siège réceptif) ou de visibilité (panneaux pub) pour être éligible au Club Entreprises. Au Montpied, le partenaire ‘’moyen’’ est client de 4 places d’hospitalité aux tarifs de 2400 à 3800 € l’unité pour la saison en fonction de l’emplacement et du niveau des prestations d’avant et après match. Entre des soirées ouvertes à l’ensemble des partenaires, des évènements VIP réservés aux membres du Club Entreprises, telle la journée passée avec les joueurs en stage au Chambon- sur-Lignon en début de saison, ou les déjeuners-business en petits comités, l’environnement économique du Clermont Foot a trouvé sa raison d’être en profitant des feux de la rampe.

Synergie

L’époque où le Club Entreprises naviguait en père peinard entre quelques rendez-vous amicaux est révolue. Preuve en est la synergie qui s’est installée progressivement avec la nouvelle direction du Clermont Foot. A la différence du rugby où l’ASM en Mêlée conserve un statut d’association, l’entité partenariale du foot a signé une convention avec la SASP (la structure pro) et lui sera juridiquement rattachée dès la fin de la présente saison.
« Cela nous permettra de faire progresser le nombre d’adhérents en proposant des évènements et un cadre de travail plus qualitatifs » affirment d’une même voix Alex Santos et Lucas Armand, le responsable des affaires commerciales du Clermont Foot 63. Reste l’ombre au tableau du sous-équipement en matière d’infrastructures. « Pour l’heure, il est difficile de prendre davantage de partenaires faute d’espaces pour les accueillir… nous faisons patienter les prospects ». Lucas Armand et le foot clermontois devront attendre 2025
pour que la future tranche de travaux du stade leur apporte ce dont ils ont besoin en même temps que les supporters puissent être accueillis en plus grand nombre et dans un meilleur confort.
En espérant bien sûr que le club tienne son rang sur la pelouse et que le prochain épisode du feuilleton Montpied ne soit pas, une fois encore, reporté aux calendes grecques.

(1) Tous les chiffres de cet article émanent des clubs

Alex Santos et Ahmet Schaefer  Photo  Clermont Foot
Alex Santos et Ahmet Schaefer  Photo  Clermont Foot

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

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