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Le scénario se met en place... Coll. A.-S. Simonet
Chroniques

Le « colonel Gaspard » en premières lignes

En 1944, au Mont-Mouchet, « Gaspard » dirige la Résistance auvergnate. En 1918, à Pontgibaud, Émile Coulaudon (10 ans) jouait à la guerre avec son frère Aimé (12 ans) en dessinant et écrivant – presque sans faute ! – un récit de seize pages plein de « chenapans »...

Rescapés de l’incendie criminel de l’hacienda de leurs parents, qui a coûté la vie à leur père à Santa Rosalia, quelque part à la frontière mexico-californienne, Benito Catina et son frère Silvano (25 ans) [Aimé et Émile] comptent sur le pif légendaire du détective Alex Flicot, « frère du célèbre policier mondial Antonin [le prénom de leur papa en vrai !] Flicot » pour retrouver la trace de leur mère, sans doute enlevée par des « forbans ». Perdus sur la route forcément sauvage menant à la montagne de Santa Rosalia, Benito, Silvano, Alex et son domestique métis Pedrillo, « se sentant le ventre vide », demandent l’hospitalité pour eux et leurs chevaux dans une maison de la vallée. Action !

Un casting viril ! Coll. A.-S. Simonet

« Le détective frappa rudement à la porte. Aussitôt, les lumières de la maison s’éteignirent et tout rentra dans le silence. […] Après quelques minutes d’attente, Silvano se décida à ouvrir lui-même la porte. Il fit signe à Flicot et Pedrillo. Avec ensemble, d’un seul coup, les trois hommes enfoncèrent la porte. Ils se trouvèrent dans une grande salle d’auberge. Il y avait plusieurs tables, quelques tabourets de chêne massif et au fond un grand comptoir couvert de bouteilles de liqueurs.

Le détective cria : “Y’a personne ?” Comme pour lui répondre, un coup de feu partit et il se sentit frôlé à la cuisse par une balle. Alors, il comprit que les bandits se trouvaient cachés sans nul doute derrière le comptoir. Il allait y bondir lorsqu’il aperçut le canon d’un fusil dont l’extrémité le menaçait.

Le revolver de « Colt » fait mouche

Ça va chauffer en « Californie » ! Coll. A.-S. Simonet

En même temps, une voix s’écria : “Halte-là, beau jeune homme, ou vous êtes mort ! Rendez-vous ou je vous tue comme un failli chien [mauvais chasseur] ! Haut les mains ! Jetez vos armes !” Mais Silvano, profitant de l’obscurité, s’était glissé derrière le comptoir et, bondissant tout à coup, il abattit la crosse de sa carabine sur le crâne de l’un des bandits et blessa un autre d’un coup de revolver [pendant la guerre, Gaspard s’appela aussi Colt]… Il porta alors les yeux sur les deux derniers bandits, mais poussa un cri de stupeur en reconnaissant dans l’un d’eux le farouche Sanchez », celui-là même qui, avec sa bande, avait incendié la maison familiale.

Profitant de cette émotion, le chenapan lui tira à bout portant un coup de revolver. Silvano avait pu faire un pas de côté, mais pas assez cependant pour esquiver complètement le coup. La balle s’enfonça dans son épaule gauche. Il s’abattit comme une masse…. Déjà, Alex Flicot, Benito et Pedrillo accourraient pour arrêter les bandits. Ils portèrent leurs regards dans le comptoir : les deux forbans n’y étaient plus… ! !

Que penser de ce miracle ? Pendant que Pedrillo et Benito allongeaient Silvano sur deux tabourets, Alex inspectait le comptoir. Après un moment de recherches, il s’aperçut qu’une petite trappe s’ouvrait. Avec beaucoup de peines, il réussit à la soulever. Alors, il vit des escaliers descendre dans quelque souterrain, sans nul doute. Il appela Benito. Ils descendirent tous deux les marches de pierre humides. Ils arrivèrent enfin à un souterrain. »

Les choses se compliquent

Comme il se doit, après une vingtaine de mètres de progression difficile, le boyau débouche sur un autre escalier puis sur une trappe ouvrant, par un bouton, sur la liberté. C’est ainsi que les malfrats ont enlevé Silvano. Sans oublier de se lester de remontants assurément plus auvergnats qu’exotiques (pain de froment, pommes de terre, fromages, vin, eau-de-vie et bière), Flicot, Benito et Pedrillo se lancent, au galop, à la poursuite des hors-la-loi qui cravachent, Silvano ligoté sur un cheval.

Les armoiries plutôt martiales de l’auteur. Coll. A.-S. Simonet

« Ils se dirigeaient vers le port de Loreto, comptant traverser sur un yacht appartenant à l’un des affiliés de la bande le golfe du Mexique et débarquer à Guaymas d’où il[s] irai[en]t rejoindre le gros de [leur] bande commandée par son second lieutenant Nab Monroë, où est déjà Madame Catina qu’ils comptaient rendre ainsi que son fils aîné contre une forte rançon. »

Fin haletante et quelque peu confuse du chapitre I (L’Auberge ensorcelée) de la première et seule partie des Aventures d’un jeune policier français en Californie. L’imagination fertile et les pieds bien sur terre, l’auteur tient ses lecteurs en haleine en leur promettant, « tous les mois », une seconde partie intitulée Jean-Paul Clavet, dont il vante « ses plusieurs gravures » et son prix, « 0,30 » F !

 

 

 

 

 

 

 

 

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Simonet

Historienne de formation universitaire, Anne-Sophie Simonet arpente depuis des décennies le « petit monde » clermontois de la presse. Auteur d'une dizaine d'ouvrages, c'est en tant que président de l'association Les Amis du vieux Clermont qu'elle invite à cheminer dans sa ville natale, la plume en bandoulière.

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  • Mon pere FFI avec Gaspard et Mazuel a combattu comme FFI au Mont Mouchet La Truyere. Montlucon Roger MICHEL, alors que ma mere est dcd en 43 de la meningite. .Mon frere en pension a St Saturnin et moi religieuses de Clermont. J ai des souvenirs douloureux mon pere allait chez Michelin pour avoir des morceaux de caoutchouc avec le pied a ressemele les galoches il venait me checher chez les soeurs et en cars direction istitution S Joseph de St Saturnin pour voir mon frere la tous les 3 installes dans un fosse d un champ mon pere ressemelait nos galoches. Liliane MICHEL epouse LEBAS auvergne ma nostalgie suis a Cahors 82 ans. Merci Madame pour ce que vous faites.

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