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Photo Michel Cussinet.
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La quadrature du cercle

Rétrospectivement, c’est un peu l’histoire de Boudu. Pas celui des nuits clermontoises (salut Serge !) mais l’autre, le Boudu qui fut sauvé des eaux avant d’entamer une improbable cohabitation avec son bienfaiteur. Là, il s’agissait de repêcher des ‘’rouge et bleu’’ sur le point de boire la tasse en les associant à des ‘’jaune et vert’’ dépositaires, bon an mal an, des grandes heures de l’histoire du basket-ball auvergnat. Et alors… ?

Trois ans après la fusion décrétée sous l’étiquette J.A. Vichy- Clermont Métropole entre une Jeanne d’Arc qui retrouvait la Pro B et un Stade enlisé en Nationale 2, Vichyssois et Clermontois semblent encore se chercher au fond d’un lit dressé pour un mariage de raison…sinon d’amour.

«Dans les circonstances présentes…je ne me retirerai pas ! »

Le jour de ses 43 ans, Yann Le Diouris fait savoir à la presse qu’il reste à la présidence du club, contrairement à ce qui avait été envisagé. C’était le 18 mai dernier à la Maison des Sports, juste avant le match de clôture contre Orléans. Si l’annonce a fait moins de bruit que celle du Général De Gaulle, 50 ans plus tôt, la paraphrase est révélatrice de l’embarras dans lequel se trouve plongée la JAVCM. 

Constat d’échec?

Le Vichyssois, chef d’entreprise dans la grande distribution, avait décidé de s’en tenir au quinquennat entamé en 2013 mais faute d’avoir pu lui trouver un successeur, le conseil d’administration du club l’a poussé aux prolongations moyennant une restructuration de la gouvernance.

10ème de Pro B en 2016 puis 14ème en 2017 et 12ème cette saison, sans avoir jamais pu se qualifier pour les play-offs, l’objectif de la montée en Pro A est bien loin de se profiler à l’horizon. A tel point que beaucoup de supporters vichyssois ne cachent pas leur agacement. Considérant que la JAV n’a rien gagné dans l’affaire…à quoi bon continuer ?

« C’est vrai qu’on a un peu perdu de notre âme avoue le président… mais sans la fusion y aurait-il encore un club pro en Auvergne ? Et puis nous y avons gagné un centre de formation labellisé sur lequel nous allons pouvoir nous appuyer »

S’il en est un qui possède bien le dossier c’est le clermontois David Melody. Hormis deux escapades à St-Etienne et Dijon, il a passé le plus clair de sa longue carrière de joueur sous les maillots de la JAV et du Stade. Aujourd’hui conseiller sportif, et sûrement un peu plus, dans le projet JAVCM, il ne cache pas que « Le bilan de la fusion, même si elle était nécessaire, est mitigé…Il faut améliorer le fonctionnement du club…La masse salariale est trop juste, comme notre effectif…nous manquons de profondeur de banc. »

Du pain sur le plancher         

Doté d’une masse salariale de 650 000 € (avec une fourchette des salaires mensuels de 3000 à 7000€) sur un budget de 2,190M€ pour la saison dernière, le club se situe aux alentours de la moyenne de Pro B. Sachant que dans la moyenne… on risque de rester moyen.

Le budget est alimenté à 40% par le partenariat des collectivités territoriales. A côté de la (plutôt modeste) participation de la Région AURA, les deux départements et les agglos mettent au pot, majoritairement côté Allier.

Cette prépondérance d’intérêt se retrouve d’ailleurs dans le partenariat privé (40% du budget) avec un peu plus de 200 petits partenaires à dominante bourbonnaise.

« Nous avons un déficit économique du côté de Clermont déplore le président…Nous pouvions espérer y trouver le soutien de quelques grandes entreprises mais il est clair que l’attractivité de l’ASM Rugby ne laisse que des miettes aux autres clubs ».

Développer le partenariat sur le Puy-de-Dôme semble pourtant relever d’une nécessité absolue pour David Melody : « Il nous faut exister davantage à Clermont où nous ne devons pas seulement proposer du basket mais savoir aussi créer l’évènement » 

Séduire Clermont         

Photo Thierry Larret.

La billetterie agrémentée de quelques autres recettes représente 20% du budget.

Avec un bon millier de jeunes invités, le chiffre de 3600 spectateurs pour la clôture de la saison à la Maison des Sports enjolive un peu la réalité. Cela dit, la moyenne pondérée d’environ 1700 spectateurs (sur 11 rencontres à Vichy et 6 à Clermont avec des affluences assez proches dans les deux salles) n’a rien de catastrophique…même si, en la matière, le mieux ne serait pas l’ennemi du bien.

« Nous devons accrocher davantage les Clermontois, insiste le président,…et pour cela il nous faut des résultats ! » Eliott la mascotte et la vingtaine d’inconditionnels du ‘’Dragon Club Auvergne’’ qui tentaient d’exalter la salle clermontoise au soir du dernier match de la saison ne pensent pas autrement, et nous non plus.

Le socle de la JAVCM demeure éminemment vichyssois et la fusion n’aura de signification et d’avenir que si le club parvient à s’étendre économiquement au pied des volcans afin de résoudre l’équation ‘’budget-résultats’’.

C’est le casse-tête de la quadrature du cercle…pas étonnant lorsqu’on parle basket !

Ah oui ! Qu’on évite surtout le destin tragique de Boudu dont on sait qu’il finit par se noyer au bout de l’histoire.

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

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