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Organiser sa vie autour de la souffrance ou porter sa croix…

« J’aime une femme à la folie mais je suis jaloux car elle est très belle et je vois bien qu’elle remarque que les autres hommes la regardent et la désirent. Alors je souffre. En même temps, je ne peux m’empêcher de la tromper. Après, je me sens sale et coupable. Alors je souffre. J’ai l’impression que je ne parviendrai jamais à échapper à ce processus infernal, que je ne pourrai jamais être heureux. Que puis je faire pour changer ? »

À l’évidence, vous avez placé votre vie sous l’empreinte de la souffrance, la souffrance que vous subissez et la souffrance que vous infligez. Vous avez choisi une femme, dont le style, sans qu’elle le cherche peut-être, vous rend jaloux. En même temps, vous ne résistez pas à l’attrait d’autres partenaires, ce qui vous permet, ensuite, de vous mépriser pour y avoir succombé.  Vous vous auto-flagellez. Vous portez votre croix.

Un sentiment de culpabilité

Il s’agit là d’un principe très présent dans la civilisation judéo-chrétienne. Il est à l’origine d’un fantasme universel : organiser sa vie autour de la souffrance. Dans un premier temps, vous pensez que c’est l’Autre qui le fait naître. Mais, très vite, comme ça ne suffit pas à combler votre attente, vous commettez des actes qui vous permettent d’éprouver un sentiment de culpabilité. C’est vous qui êtes dans cette quête de souffrance infligée aux autres et à vous-même. Vous atteignez alors le stade recherché, celui d’une sorte de jouissance morbide.

Ce mode de fonctionnement se répète à l’infini, car il est le résultat de quelque chose d’ancré dans votre passé, qui se joue et se rejoue, à votre insu. En lui-même, ce fonctionnement est douloureux et très coûteux en énergie. Le constat de la répétition et de votre incapacité à y mettre un terme l’est tout autant. Mais, malgré vos plaintes et vos lamentations, vous ne pouvez vous passer de ces douleurs de l’âme et du corps.

Processus infernal

Le fait que vous ayez conscience de ce processus infernal, vous permet de comprendre que les autres n’en sont pas les seuls responsables. Vous y avez votre part. Malheureusement votre lucidité ne suffit pas à vous donner la force d’y renoncer. En quelque sorte, vous vous sentez englué dans votre destinée. Vous avez l’impression d’être déterminé par des événements passés qui se réactualisent en permanence, à l’occasion des situations « amoureuses ».

Comment vous en extraire pour tracer votre propre voie, au-delà de la souffrance ? Ce qui vous attache à votre symptôme (c’est à dire à ce dont vous vous plaignez mais dont vous ne pouvez vous passer) est puissant car il est aussi très vivifiant, notamment le sentiment amoureux. Mais les aspects mortifères sont tellement présents en contre- partie, que vous vous étouffez dans votre propre souffrance.

Vous trouver, vous même, au-delà de ces tourments, relève de votre choix. Mais, sans doute, n’y parviendrez-vous pas tout seul. Je vous conseille de vous faire accompagner.

À propos de l'auteur

Karine Mioche

Elle exerce  la psychologie clinique en cabinet libéral, à Clermont-Ferrand et en centre thérapeutique. Au sein de son cabinet , situé en centre-ville, elle est associée à trois médecins. Elle y accueille des adultes, des adolescents et des enfants. Par ailleurs, elle écrit, effectue des recherches et réalise des expertises.

1 Commentaire

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  • Merci Karine,
    Il est très difficile d’eclairer ce positionnement, construire sa vie autour de la souffrance. Il est important que nous sachions que cela existe, même si dans l’imaginaire de tout un chacun, le sens échappe. Dans nos pratiques, nous en rencontrons un certain nombre. Un accompagnement est nécessaire et prends du temps.

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