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Ex-voto, vitrine du musée Bargoin / Photo 7 Jours à Clermont
Photo 7 Jours à Clermont
Culture Patrimoine

Ex-voto du musée Bargoin : l’envers du décor

Ouverte durant l'été, une nouvelle salle du musée Bargoin sert aujourd'hui d'écrin pour une partie de l'exceptionnelle collection d'ex-voto trouvée en 1968, à la Source des Roches de Chamalières. Au delà de l'exposition, de nouveaux moyens techniques ont du être mis en œuvre pour une meilleure conservation de ce trésor national.

Comme nous l’avions annoncé dans notre article du 7 juillet 2024, la fabuleuse collection d’ex-voto, la plus importante d’Europe, est désormais présentée dans une salle entièrement refaite et repensée au sein du musée Bargoin de Clermont. La salle a été imaginée pour contextualiser la collection tout en répondant aux exigences de tous les publics, autant les publics dits empêchés par différentes sortes de handicaps que les publics de différentes générations.

Des ex-voto, des céramiques et une tablette de défixion

L’immense vitrine qui garantit les meilleures conditions de conservation, permet d’exposer une sélection d’offrandes de bois remarquables, trouvées sur le site de la Source des Roches à la fin des années 60 à Chamalières. Une autre vitrine présente des céramiques, elles aussi déposées en offrandes alors qu’une troisième vitrine bien plus petite, est consacrée à une pièce exceptionnelle : une tablette de défixion. Il s’agit d’une petite tablette rectangulaire en plomb, sur laquelle est écrit un texte en langue gauloise, l’un des textes les plus long existant dans cette langue. Cette tablette découverte dans le sanctuaire thérapeutique semble être à contre-emploi puisque le texte laisse apparaître la demande d’une personne qui souhaite que d’autres personnes soient torturées, suite à un faux-témoignage…

Des objets composites

Derrière ces vitrines, il y a tout ce que le public ne peut pas voir : la partie conservation. « La question centrale est la conservation de ce que l’on appelle en archéologie, les bois gorgés d’eau » explique la directrice du musée Bargoin, Marie Bèche-Wittmann. « Quand on découvre des bois en milieu subaquatique et qu’on les sort de l’eau, ils sont de nouveau en contact avec l’oxygène. Comme tout matériaux organiques, ils peuvent pourrir, se détruire et se déformer. Il a donc fallu trouver des solutions et à l’époque on a essayé plein de traitements différents pour consolider ces objets. Il fallait trouver un moyen de remplacer l’eau qui leur donnait leur forme par quelque-chose se substituant à la cellulose pour empêcher leur déformation. Au début des années 70 on a expérimenté des résines et des moyens de séchage, dans les années 80 on a essayé de nouveaux traitements avec une entreprise spécialisée de Grenoble, mais cela reste un gageure de conserver des bois gorgés d’eau. Ces objets ne sont plus complètement en bois, puisqu’ils sont composites, mais ils restent sensibles aux variations de température et d’humidité » poursuit la directrice.

« conserver des objets est incompatible avec leur présentation »

« Ce que voit le public, c’est ce qu’il doit voir, c’est à dire la valorisation de cette collection exceptionnelle » précise Marie Bèche-Wittmann. « Finalement, le plus gros enjeu du projet, qui a été la part la plus importante du budget, c’était d’offrir une machinerie et une technologie à la hauteur de ce trésor national. En fait, conserver des objets est incompatible avec leur présentation. Ce sont deux choses antinomiques. Aujourd’hui, au musée, on présente énormément de sculptures en bois, plus que dans les précédentes présentations. Mais pour garantir leur pérennité, il ne faut pas les présenter, c’est un entre-deux avec lequel le musée doit jongler, une vocation de conservation et une vocation de présentation. »

Ex-voto découverts en 1968, conservés aujourd'hui dans des réserves spéciales au Musée Bargoin / Photos DR et 7JàC
Ex-voto découverts en 1968, conservés aujourd’hui dans des réserves spéciales au Musée Bargoin / Photos DR et 7JàC

Les ex-voto conservés à température et hygrométrie constante

Malgré tout et pour valoriser d’autres ex-voto condamnés à rester dans les réserves, le musée a édité une publication, à l’occasion de la réouverture, avec des photos d’autres ex-voto, significatifs de cette extraordinaire accumulation qui a droit à la meilleure technologie du moment, proche de celle du milieu hospitalier. Un nouveau groupe thermique, abrité sous le musée garanti une hygrométrie constante et une température permanente de 22°. Tout le système est doublé afin que le bon fonctionnement ne soit jamais interrompu en cas de panne.
L’ensemble des travaux, dont seule la nouvelle salle de présentation n’est visible du public, a coûté 1,5 millions d’euros. La collection appartenant à l’État, ce sont les finances nationales qui ont été mises à contribution à hauteur de 80% de la somme nécessaire.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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