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Bons vins à boire, belles filles à voir…et des champions!

Dans l’ombre d’un Bouclier de Brennus qu’on attendait à Clermont mais qui s’en est allé pour la vingtième fois à Toulouse, l’US Issoire a su ferrailler pour gagner son accession à la fédérale1, se positionner comme troisième club auvergnat derrière l’ASM et Aurillac, et remporter le titre de champion de Fédérale 2 ce dimanche 23 juin contre Rumilly. L’USI a bataillé sur le pré mais aussi en coulisses afin d’assumer ses ambitions.
Cuisine matinale.

Taboulé et jambon blanc, longe de porc et lentilles, yaourt. Voilà un menu du jour qui ressemble furieusement à un repas sportif. Autour des fourneaux du stade du Mas, Anne-Marie, Denis, Marc, Yaya et Claude sont en action depuis potron-minet. Le Claude en question n’est autre que le président de l’Union Sportive Issoirienne version rugby. Il adore la cuisine mais pas forcément celle qu’affectionnent quelques présidents du Top 14.

En ce dimanche 16 juin, Claude Pojolat et sa brigade de volontaires mitonnent le repas de midi du XV ‘’mauve et noir’’ qui va disputer l’après-midi à Figeac une demi- finale de Fédérale 2 contre les Ariègeois de Pamiers.

Il est 6h du mat, dans deux heures tout doit être prêt pour le départ.

La face cachée de la force

Le scénario est bien rôdé, renouvelé à l’occasion de chaque déplacement au fil de cette saison historique qui aura vu Issoire gagner son accession à l’antichambre du rugby pro et rapporter le Bouclier à la maison.

Une promotion qui ne devrait pourtant pas changer grand-chose à la philosophie des Issoiriens, bien décidés à cultiver leur goût de l’amateurisme éclairé symbolisé par ce bénévolat sans lequel rien ne serait pareil.

Claude Pojolat, président heureux.

Autour d’un noyau dur d’une cinquantaine de personnes régulièrement impliquées, ce sont au total près de 120 bénévoles qui se mettent au service de 330 pratiquants pour assurer les rendez-sportifs et événementiels.

« Ce repas des jours de déplacement nous revient grosso modo à 3,50 euros. Pour deux équipes et les dirigeants soit 65 personnes, cela représente à chaque fois une économie de 700 euros par rapport à un déjeuner au restaurant » Franck Maury, membre du comité directeur de l’USI, ajoute : « Quand on va démarcher des partenaires et qu’on leur explique notre fonctionnement…ça aide ! »

Des efforts de gestion et des partenaires il en faut pour alimenter un budget global qui devrait passer de 600.000 à 720.000 euros pour la prochaine saison en Fédérale 1. Globalement, les déplacements vont coûter plus chers alors même que ce poste était déjà le plus important du budget dépenses.

Côté recettes comptez 30% qui arrivent du partenariat privé, 30% venant du secteur public et 40% englobant les recettes en tous genres, billetterie, buvettes, loto et fonds propres.

L’Union fait la force

Le déjeuner est dans la boîte.

Sans oublier les assiettes, les verres, le pain, le sel, et le poivre, le ‘’Food Truck’’ de l’USI et ses réchauffe-plats est prêt à prendre la route, précédant le bus des joueurs.

Dans la ville du match ou à proximité, c’est dans la salle d’un restau scolaire ou dans un club house que le repas sera servi. En supplément au menu les dirigeants auront droit au saint-nectaire et à un coup de rouge de Boudes…avec modération bien sûr !

La règle étant de rendre les lieux ‘’nickel’’, les joueurs mettront la main à la pâte pour desservir. L’implication de tous est inscrite dans l’ADN du club.

Pour exemple, chacun est tenu de vendre son carton à 40€ pour le traditionnel loto de février et les joueurs sortent de leur poche les 290€ de leur licence fédérale. Ils n’en seront remboursés en fin de saison qu’en ayant satisfait aux contrôles de ponctualité et d’assiduité aux entraînements.

Oui, bien sûr, les joueurs bénéficient d’indemnités kilométriques pour venir aux entraînements, ils touchent une prime lorsqu’ils figurent sur la feuille de match et une autre en cas de victoire(s). Ceci étant, pas question d’assurer un fixe à qui que ce soit ni d’enrôler des mercenaires Géorgiens ou Fidjiens de deuxième classe… même si la chose est devenue courante dans les compétitions fédérales.

Un titre pour les « mauve et noir ».

« Il y a déjà suffisamment de clubs qui vivent à crédit et qui finissent en déposant de bilan. Si quelqu’un veut porter notre maillot, il devra adhérer à notre système, même en Fédérale 1 ». Parole de président.

Forcer le destin

En supposant que les cierges à St-Austremoine pourraient ne pas suffire, comment assurer la pérennité du club à l’échelon supérieur face à des concurrents dont beaucoup sont déjà semi-professionnels ?

Déjà, l’USI peut compter, comme elle l’a fait cette saison, sur l’apport des ses jeunes, champions de France juniors Belascain en 2018, et mettre ainsi en exergue la vocation historique d’un club formateur.

Issus et façonnés au confluent de la Couze Pavin et de l’Allier, les Paul, Fouilloux, Bourdillon, Bourbié ou Rouchy n’ont-ils pas pris un jour l’ascenseur pour l’AS Montferrandaise, tout comme, plus récemment, Christophe Samson et Romain Martial. Ces deux-là pourraient peut-être d’ailleurs boucler leur carrière en donnant un coup de main amical sous le maillot mauve et noir.

La relève d’après-demain.

Le prometteur Alexandre Fischer fait aussi partie de cette lignée, ce qui peut rendre envisageable des échanges avec le centre de formation des ‘’jaune et bleu’’ puisque les prêts sont permis entre clubs pro et Fédérale1.

L’USI pourra compter aussi sur l’engouement populaire suscité par ses performances. N’étaient-ils pas 3000 supporters pour le match de la montée face à Orthez dans ce stade de 5000 places qui accueillera ASM-Lyon, le 16 août prochain, dans le cadre du Challenge Auvergne.

En septembre, c’est une nouvelle aventure qui commencera pour les joueurs, le staff, les dirigeants et la cohorte de bénévoles dont le travail équivaut, selon les normes fédérales, à pas moins de 18 temps pleins sur toute l’année.

Du coup, Etchebest et Lignac pourront continuer à faire la grasse matinée à l’heure où Anne-Marie, Claude, Marc, Yaya, Denis et les autres seront encore là pour préparer la macédoine de légumes et les filets de poulet aux coquillettes du déjeuner des combattants.

Tout cela fleure tellement bon le parfum du rugby qu’on aime, surtout qu’à Issoire, ‘’Bons vins à boire, belles filles à voir’’ et un Bouclier de champion à savourer…c’est à Issoire!

 

 

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

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