Aussitôt achevée l’olympiade parisienne- qui eut le mérite de faire souffler un vent d’insouciance sur le pays- s’élance le Tour de France féminin cycliste depuis Rotterdam, en bordure de la mer du Nord. Une épreuve qui ne mérite tout à fait son nom puisqu’elle consistera en une presque ligne droite vers le sud pour rejoindre l’Alpe d’Huez, dimanche 18 août. Avec huit étapes au total pour un parcours ne dépassant pas les 950 kilomètres, le Tour féminin n’a évidemment pas l’envergure de son homologue masculin qui s’étale sur trois longues semaines et 3500 km au cœur de juillet. Il prétend pourtant devenir l’étendard du cyclisme féminin, une sorte de course au sommet réunissant d’ailleurs quelques-unes des meilleures mondiales de Demi Vollering, la tenante du titre, à l’inusable Marianne Vos, en passant par la championne olympique Kristen Faulkner, les jeunes Fem Van Empel et Kata Blanka Vas ou la meilleure Française Juliette Labous.
Gestation difficile
L’histoire du Tour féminin se révèle des plus chaotiques. Organisée une première fois en 1955 par Jean Leulliot, il n’eut alors pas de suite. La Société du Tour de France relança l’idée en 1980, les quinze étapes étant alors disputées en lever de rideau du Tour masculin, comme jadis celles du Tour de l’Avenir. Jugée trop contraignante sur le plan économique, la formule fit long feu. Lui succédèrent bientôt « La Grande Boucle féminine » puis « La Route de France féminine »- autant de versions qui ne trouvèrent pas tout à fait leur rythme de croisière. En 2021, ASO relança « La course by Le Tour de France » sur une seule journée, avant d’imaginer la compétition sous sa forme actuelle, dès l’année suivante.
Dans le sillage
Profitant d’un véritable essor de la discipline, qui s’est structurée autour d’équipes hyper-professionnelles, le cyclisme féminin ne devrait-il pas chercher à s’exonérer des références masculines plutôt que de rouler délibérément dans son sillage ? Tenter de fabriquer sa propre histoire à partir d’épreuves inédites plutôt que de multiplier des copier-coller qui sont forcément en sa défaveur. On comprend ici l’effet recherché : profiter du prestige incomparable de la grande manifestation de juillet pour imposer un concept incontournable. Mais proposer un « Tour de France » à la sauvette, sur une seule semaine, c’est un peu comme s’il y avait tromperie sur la marchandise. Assurément, le calendrier féminin se cherche encore, il demeure perfectible.
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