En 2002, quelques mois après le début du conflit armé opposant la Russie et l’Ukraine, le comité Nobel de la Paix a décidé de décerner son prix à des critiques de Vladimir Poutine et son régime. Trois lauréats ont ainsi été désignés : Ales Bialiatski, éminent représentant du mouvement démocratique du Bélarus, le Centre pour les libertés civiles, qui a pour objet de faire progresser les droits humains et la démocratie en Ukraine et l’organisation de défense des droits de l’homme Memorial, co-fondé et présidé durant une dizaine d’années par Alexandre Tcherkassov.
Ce dernier a été invité à Clermont pour une journée de conférences à l’initiative de l’Université Clermont Auvergne qui l’a nommée docteur honoris causa et de la Ville de Clermont qui lui a décerné le titre de citoyen d’honneur.
Alexandre Tcherkassov président d’une ONG devenue une source d’informations
Alexandre Tcherkassov est né à Moscou en 1966. Ingénieur physicien, il est diplômé de l’Institut d’ingénierie physique de Moscou et a débuté sa carrière professionnelle à l’Institut de l’énergie atomique Kourtchatov à Moscou. Avec Svetlana Gannushkina, défenseure des droits humains, il a joué un rôle actif au sein de Memorial, ONG qu’il a cocréé avec Andreï Sakharov, qui défend l’idée que la confrontation avec les crimes du passé est essentielle pour prévenir de nouveaux abus.
Après l’effondrement de l’ancien bloc soviétique, elle s’est érigée comme une des plus grandes organisations de défense des droits de l’homme en Russie. Elle a créé un centre de documentation consacré aux victimes de l’ère stalinienne et a compilé de nombreuses données sur l’oppression politique et les violations des droits de l’homme en Russie. Memorial est ainsi devenue une source d’informations fiables sur les prisonniers politiques dans les centres de détention russes, tout en contribuant à la promotion des droits de l’homme et d’un gouvernement fondé sur l’État de droit.
Memorial déclaré « agent étranger » en 2014
Considérée depuis 2014 comme « agent étranger » dans un pays qui menace, emprisonne, fait disparaître ou tue des membres de la société civile, Memorial a bien entendu été la cible de harcèlement de la part du gouvernement russe qui l’a accusé de « haute trahison » un an plus tard. En décembre 2021, quelques jours avant le début de « l’opération spéciale » contre l’Ukraine, les autorités russes ont ordonné sa dissolution et la fermeture définitive de son centre de documentation. « Les motifs d’accusation sont dérisoires : c’est seulement une volonté de l’État » avait alors commenté Alexandre Tcherkassov. Le prix Nobel est arrivé alors que le tribunal de Moscou poursuivait un procès destiné à confisquer l’immeuble moscovite de l’ONG. « Personne n’a l’intention d’abandonner », se réjouissait alors Yan Rachinsky, président de Memorial.
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