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Gabriel Soucheyre / création 7 Jours à Clermont
Gabriel Soucheyre / création 7 Jours à Clermont
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Vidéoformes 2022 : Questions à Gabriel Soucheyre #2

Le festival Vidéoformes 2022 se déroule jusqu'à dimanche et sera suivi d'expositions jusqu'au 3 avril. A l'occasion de la 37e édition, 7 jours à Clermont, partenaire de la manifestation, a rencontré son fondateur Gabriel Soucheyre.

Vidéoformes est une structure clermontoise de diffusion et de production dans le domaine de l’art vidéo et des cultures numériques, créée en 1984 (lire notre article du 17 mars 2022).
A l’occasion du festival 2022, 7 jours à Clermont, média partenaire de la manifestation, a rencontré son directeur Gabriel Soucheyre, pour un entretien didactique.

7JàC : Est-ce que le festival apporte chaque année la preuve que l’art, la technologie et la science peuvent se retrouver sur un terrain commun ?
G.S : Tout à fait, on est dans ce choix de présenter des œuvres hybrides et on accentue, en fait, cette recherche entre science et artistes. Quand je parle des sciences, je parle des sciences dures et des moins dures puisque les philosophes interviennent. Nous allons accentuer cette tendance dans les années à venir.

7JàC : Question bateau, y a t-il une oeuvre plus remarquable que les autres sur l’édition 2022 ?
G.S : C’est la pire question que l’on peut nous poser… pourquoi en choisir une plus que d’autres ? Ce n’est pas dans l’esprit de Vidéoformes. Chaque œuvre est importante et tout ce qui est exposé forme un plateau sur lequel on trouve une forme d’équilibre entre des choses très poétiques, très simples et d’autres choses beaucoup plus technologiques et assez complexes.

7JàC : Malgré tout Value of Values- VoV 2.0, présentée Salle Gaillard, n’a-t-elle pas un place particulière ?
G.S : C’est sans doute celle qui va marquer le public cette année. Cette création de Maurice Benayoun va faire travailler le cerveau des spectateurs. On prend place dans un fauteuil face à un écran, on met un serre-tête qui, pendant 8 minutes, va mesurer l’activité cérébrale liée aux stimuli que représente la diffusion des mots liés à des valeurs : amour, humour, chance… L’activité cérébrale va être transformée en données informatiques représentant une œuvre unique. Le spectateur repart avec un QR code qui lui permet de visualiser son œuvre sur une application ou d’en faire un objet en volume via une imprimante 3D. Cette représentation est la réponse cérébrale à un stimulus sur une valeur humaine. Ce QR code est aussi la preuve de la création de l’œuvre qui est inscrite dans un blockchain, sorte de livre de compte numérique infalsifiable. L’œuvre appartient à son créateur et il en fait ce qu’il veut. Il peut la vendre, l’échanger la conserver. Cela pose la question du prix que l’on donne à une valeur humaine. (voir la vidéo dans 7JoursTV)

7JàC : On commence à vendre des œuvres numériques, qui ne sont, par essence, pas matérielles. Vidéoformes avait envisagé cela ?
G.S : Il y a dix ans on avait participé à un débat sur ce que l’on achète une oeuvre numérique. A l’époque j’avais répondu que l’on n’achète rien et l’on obtient juste un bout de papier de l’artiste qui dit que l’oeuvre, éventuellement numérotée, appartient a celui qui l’a acheté. Mais on sait très bien que le numérique est reproductible à l’infini et que la millième copie d’un fichier sera identique à l’original. La nouveauté récente provient des NFT, non-fungible token, c’est à dire qu’une œuvre d’art numérique peut être inscrite dans un registre, le registre des blockchain, et qu’à partir de là, elle est inchangeable. Il y a donc une preuve qu’elle est unique. Ce qui est intéressant, c’est que l’œuvre peut être échangée, vendue, louée avec un contrat qui permet à l’artiste de toucher une partie de la somme de la vente tout comme le producteur éventuel ou le collectionneur.

7JàC : Ce marché virtuel est-il facile à comprendre pour les collectionneur ?
G.S : Il faut bien comprendre que l’unicité de l’œuvre est ce que cherchent les collectionneurs ou les spéculateurs. Lorsque ce marché s’est déclaré, il a très vite flambé car les gens qui achetaient avaient déjà fait fortune avec des cryptomonnaies et connaissaient bien le système. Après, ce marché est difficile à cerner car il est comme Youtube où l’on peut mettre une simple vidéo de son chien comme une création aboutie. A vidéoformes on s’interroge sur la création d’un label. On pourrait déposer l’œuvre de tel ou tel artiste, avec un contrat rémunérateur et les acheteurs serait rassurés par le fait que nous la recommandions. Sous cette forme il y a déjà des galeries et des artistes qui arrivent à se vendre, j’en connais quelques uns.

7JàC : Que peut-on dire aux clermontois, et aux autres, qui auraient une réticence à fréquenter le festival ?
G.S : Il faut déjà qu’ils se réjouissent du fait qu’un festival existe et qu’ils puissent rencontrer des œuvres et des gens. La seconde chose et que même si on utilise de la technologie, tous les arts utilisent une technologie, il n’y a pas à avoir peur car ce sont des œuvres et l’on doit ressentir des choses. Exemple cette année un artistes propose une exploration d’une oeuvre de Goya et la manière dont l’artiste a animé le tableau à 360°est assez impressionnante ; on ne peut y échapper.

Vidéoformes 2022Programme complet de Vidéoformes 2022 à découvrir sur le site du festival
Festival : du 17 au  20 mars 2022
Expositions  du 17 mars au 3 avril 2022

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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