Les deux automoteurs X 72 500, propriété de Railcoop, stockés dans les ateliers clermontois des ACC M attendent toujours leur rénovation et leur affectation sur la ligne Lyon-Bordeaux, que la société coopérative tente de réactiver. Combien de temps ces deux rames vont-elles encore rester dans leur livrée TER-SNCF ? Bien malin qui pourra le dire à l’heure actuelle.
En 2020, Railcoop prévoyait de rouvrir cette liaison en 2022, soit 10 années après sa fermeture par la SNCF. L’ouverture à la concurrence redonnait espoir de revoir des trains circuler sur une ligne qui ne fait clairement pas partie des préoccupations de l’opérateur historique français du ferroviaire. Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Suite à un tour de table financier non bouclé, un report a été annoncé au printemps 2022, puis un autre. Revoyant ses prétentions à la baisse, Railcoop annonça une version du service, revu à minima, soit un aller-retour entre les deux ville en deux jours, pour le printemps 2024. Mais aujourd’hui la société, en proie depuis plusieurs mois à de sérieuses difficultés financières, évoque un début d’exploitation seulement en fin d’année 2024, sans exclure le black out.
Aucune subvention des pouvoirs publics
Pour Nicolas Debaisieux, l’ouverture à la concurrence n’a pas été pensée pour favoriser l’émergence de nouveaux opérateurs français, sous entendu que l’ouverture permet juste de respecter la législation. Aucune nouvelle compagnie ne propose en effet d’alternative à la SNCF en dehors des grandes compagnies européennes : la DB allemande, Trenitalia sur la liaison TGV Paris-Milan ou la Renfe, équivalent de la SNCF en Espagne, sur deux lignes TGV dans le sud de la France. Désormais seul à la direction générale de Railcoop, le chef d’entreprise rappelle que sa compagnie n’a obtenu aucune subvention des pouvoirs publics qui devraient pourtant favoriser les nouveaux modèles de mobilité dans le cadre de la nécessaire transition écologique. Un constat d’autant plus amère en pleine semaine de la mobilité, même si 36 collectivités locales ont accepté de devenir sociétaires de Railcoop, pour un cumul d’à peine un million d’euros dans le capital.
Un fonds d’investissement en dernier recours ?
Malgré tout, Railcoop annonce deux éléments positifs qui redonnent un peu d’espoir quant à l’issue du projet. D’une part, SNCF réseau a octroyé à Railcoop des « sillons », autrement dit des créneaux de circulation pour l’année 2024, même si ceux-ci risquent de ne pas être utilisés. D’autre part, un fonds d’investissement a rédigé une lettre d’intention pour entrer dans un nouveau tour de table financier. Cela permettrait à Railcoop d’appuyer son activité sur deux sociétés : Une ROSCO (ROlling Stock COmpany) qui deviendrait propriétaire du matériel roulant alors loué à une OPCO (Operating Company) qui achèterai les voyages clé en main à Railcoop devenue minoritaire, mais sans changer de statut et surtout sans assumer les pertes de début d’exploitation.
Pour l’instant ce montage n’en est qu’au stade des négociations. Il doit être présenté aux sociétaires en Assemblée Générale début octobre, mais rien de garantit que ces derniers ne l’acceptent. Un refus pourrait tout simplement siffler la fin de la partie pour Railcoop, une hypothèse que Nicolas Debaisieux ne peux écarter d’un revers demain.
10 jours pour trouver 125 000 euros
En attendant la prochaine Assemblée Générale, la coopérative s’est tourné une nouvelle fois vers ses 14.560 sociétaires pour une levée de fonds et espère récolter 500 000 euros d’ici la fin du mois de septembre. À ce jour il manque encore 125 000 euros pour atteindre l’objectif qui permettrait d’honorer les salaires des 11 personnes actuellement en poste chez Railcoop et de poursuivre le travail encore quelques mois. L’appel à soutien, évoque un geste militant plus qu’un investissement car il est clair que les parts vendues à 100 euros pourraient l’être en pure perte, d’autant que la situation sociale de la SCIC ne permet pas de réduction fiscale.
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