Le monde d’en haut et celui d’en bas. La montagne et la plaine. C’est ainsi que Roger Frison Roche, qui fut tour à tour alpiniste, explorateur et romancier (sans oublier qu’il a été le secrétaire des premiers Jeux Olympiques d’hiver de Chamonix en 1924), séparait ces deux espaces comme s’ils formaient deux univers. De toute évidence, à ses yeux, l’altitude élevait les hommes, leur permettant d’entretenir un autre regard sur les choses, comme si elle les rapprochait de l’essentiel.
Loin sans doute de ces considérations philosophiques ou spirituelles, les sommets alpins accueillent actuellement la quarante huitième édition des championnats du monde de ski alpin, compétition qui fut organisée tous les ans entre 1931 et 1939 avant de devenir biannuelle aux lendemains de la deuxième guerre mondiale. A la vérité, elle se déroula même tous les quatre ans puisque, jusqu’en 1980 les Jeux d’hiver attribuaient également le titre de champion du monde à leurs lauréats.
Le rendez-vous de Méribel et Courchevel
Après Chamonix, Grenoble et Val d’Isère, les stations de Méribel et Courchevel reçoivent les cadors internationaux de la reine des disciplines sportives hivernales. Une discipline qui garde le vent en poupe dans nos pays voisins, Autriche, Suisse, Italie, Slovénie en particulier, mais qui souffre d’une certaine désaffection médiatique dans notre pays où il est vrai le ballon rond, plus qu’ailleurs, a été sacralisé depuis la Coupe du Monde de 1998 au point d’écraser toute concurrence. Cette tendance regrettable à l’uniformisation (portée il est vrai par le seul quotidien sportif du pays où les footeux ont pris le pouvoir) va de pair avec une baisse de performances des skieurs tricolores, qui ont exercé une domination sans beaucoup de partage dans le courant des années 60-70, celles des Killy, Périllat, Goitschel et autres Famose, Russel, Augert ou Penz.
De l’uniformité au chauvinisme
Le temps de deux courtes semaines, le ski alpin retrouve ainsi les honneurs des chaînes publiques de télévision (il est ordinairement exilé sur Eurosport) et reprend une certaine place dans les pages de L’Equipe, qui lui réserve le plus souvent la portion congrue pour mieux mettre en exergue les tribulations souvent banales d’hommes en short (ceux du football évidemment). Il est vrai que le quotidien en question n’est pas avare en cocorico et qu’Alexis Pinturault, titré en combiné, lui a de nouveau donné l’occasion d’exercer son chauvinisme ordinaire. Cette visibilité temporaire restera toutefois, hélas, l’exception qui confirme la règle.
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