La galerie Louis Gendre de Chamalières expose actuellement des œuvres d’Olivier Morel, artiste à la double formation scientifique et artistique.
Formé à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Vladimir Velickovic, cet artiste est influencé par ses nombreux voyages et ses études en physique quantique. Suivant un courant réaliste, il produit des œuvres expressionnistes mêlant observation, photo et dessin.
L’exposition Notes de ma cabane invite à déambuler au cœur des forêts, à se poser pour contempler des montagnes et des lacs d’altitude, à accepter l’invitation de cabanes hospitalières. Avec une fascinante sobriété de gestes et des couleurs saturées, Olivier Morel décline l’histoire naturelle d’une manière singulière qui incite autant à la contemplation qu’à la réflexion.
7 Jours à Clermont : comment avez-vous imaginé la scénographie de cette exposition Notes de ma cabane ?
Olivier Morel : Cette exposition est une sorte de fantasme, autour du désir de vivre dans une cabane, dans la montagne. L’exposition s’ouvre sur plusieurs peintures de cabanes. C’est un peu le refuge à partir duquel on va, soit explorer la forêt dans une pièce de la galerie, soit explorer la montagne dans un autre pièce consacrée essentiellement à des lacs de montagne. Enfin une dernière partie à l’étage, très symbolique, propose une sorte d’ascension pour arriver sur les sommets. C’est comme cela que l’on a conçu l’exposition avec Louis Gendre et Mariko Kuroda. On a travaillé dans l’espace avec l’idée de raconter une histoire dans laquelle les gens peuvent se projeter.
7JàC : Qu’est ce qui anime votre processus de création ?
O. M : Ma peinture part toujours d’une expérience personnelle, la randonnée en montagne, l’expérience de l’errance en forêt avec cette idée de faire partager une perception et des sensations pour que les gens puissent se projeter directement dans les compositions. Après, ce que je recherche avant tout, n’est pas une représentation réaliste, photographique de la nature, mais j’essaie plutôt de trouver l’essence même de la nature, en épurant au maximum. Donc il y a un travail d’épure à la fois en terme de forme, de simplification des formes et de saturation des couleurs.
7JàC : Vous représentez parfois la nature avec des couleurs que l’on ne trouve justement pas dans les paysages et en plus vous les saturez…
O. M : D’une certaine manière ce sont les couleurs que je perçois, mais que je vais évidemment accentuer pour les rendre encore plus fortes, pour que les gens puissent vraiment se projeter dedans, au delà de la vision photographique… c’est cela qui est vraiment important pour moi. Cette essence, c’est ce qui est derrière, ce qui est caché dans la nature… c’est la puissance de la nature, la force de la montagne, les stratifications, les millions d’années qu’il a fallu pour que ces montagnes s’érigent. Dans la forêt, c’est ce passé dans lequel nous descendons. Au regard de l’histoire de l’humanité, notre vie représente une petite goutte d’eau et tout le reste c’est la vie de la nature. C’est ce que je ressens et que la plupart des gens ressentent, je pense. C’est ce que j’ai envie de faire passer.
7JàC : Vous avez une formations scientifique, comment avez vous basculé du côté artistique ?
O.M : Je ne dis pas que c’est un accident de parcours, mais j’étais bon élève, alors j’ai fait des études scientifiques. Je n’avais pas d’exemple dans ma famille d’artistes ou d’autres professions artistiques. Mes parents m’ont encouragé dans ce qui fonctionnait. J’ai donc fait deux années à l’université dans un cursus qui s’appelait science et structure de la matière que j’ai adoré puisque j’avais une curiosité pour la façon dont le monde est fait, comprendre de façon scientifique et rationnelle. J’ai enchaîné sur un diplôme d’ingénieur en électronique, qui était le côté plus pragmatique… comment gagner sa vie. Et puis toutes ces explications scientifiques m’ont semblées insuffisantes, je me suis rendu compte que ce n’était pas du tout ma voie, j’avais déjà commencé à dessiner et c’est la rencontre avec une artiste, chez qui j’ai pris des cours à Paris qui m’a poussé à aller plus loin. C’est à ce moment là que je suis entré aux Beaux-Arts de Paris.
7JàC : Quel lien subsiste entre vos connaissances scientifique et votre peinture ?
O. M : S’il existe encore un lien entre la partie scientifique et la peinture, je dirai que je le puise dans la physique quantique que j’ai étudié quand j’étais à la Fac. Dans la physique quantique, il y a cette idée d’une unité de la matière qui me semble quelque chose de fondamental, dans la perception que l’on peut avoir de l’existence de l’univers, de la terre, de ce que l’on est nous-même. Et en même temps, j’ai compris qu’il y avait une connaissance qui reconnaissait ses propres limites et qui disait qu’au bout d’un certain niveau de connaissance, il y a quelque chose que l’on arrive plus à saisir. Cet insaisissable m’a plu et ce que je ressens ressort dans ma peinture. J’essaie de saisir quelque chose qui est toujours en train de m’échapper, c’est cela qui me motive et qui amène une toile, plus une toile, plus une toile… C’est une même curiosité qui s’est orienté dans deux directions différentes, qui peuvent se regrouper. Je suis fasciné par les philosophies orientales et notamment le bouddhisme. Dans le bouddhisme, on trouve des notions qui sont extrêmement proches de celles de la science occidentale a approché. C’est le rapport au vide, c’est ce lien qui m’intéresse.
Olivier Morel Notes de ma cabanes, jusqu’au 13 janvier 2024, Galerie Louis Gendre, 7 rue Charles Fournier, 63 400 Chamalières, du mercredi au vendredi de 14h à 19h, le samedi de 10h à 18h.
En complément de ses peintures sur toile, Olivier Morel vient de réaliser 6 dessins sur iPad. Images travaillées sur le vif, révélant toute la beauté de la nature à divers moments de la journée. Ces dessins ont été tirés à l’encre pigmentaire, sur papier Hahnemühle 308gr.
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