Ils n’ont d’autre préoccupation. Qu’importe, au fond, les crises économiques ou la misère sociale ; les idéaux et les idéologies. Qu’importe l’impopularité du pouvoir en place, les mesures qu’il prend ou qu’il oublie de prendre ; qu’importe si ses prédécesseurs n’avaient guère fait mieux, ce qui renvoie les camps dos à dos … Qu’importe si les lois s’empilent inconsidérément et ne sont pas toujours appliquées ; si l’insécurité s’accroît manifestement ; si l’inflation n’a plus de limite ; si le ciment national se désagrège. Et qu’importe la situation internationale, les conflits, les risques, la diplomatie, les révolutions brimées, les populations tourmentées, les pays qui émergent et ceux qui déclinent, lentement mais sûrement, perceptiblement. Qu’importe la mutation climatique, la surpopulation planétaire et les espèces qui disparaissent. Qu’importe le péril essentiel que représente l’intelligence artificielle. Tout cela, dans leur esprit, n’a guère d’intérêt, même s’ils ne peuvent l’avouer et s’ils feignent de porter un regard attentif et observateur sur le monde.
Qui mais pas quoi
Leurs boussoles sont déjà tournés vers 2027. Seule, en effet, l’élection présidentielle les turlupine, les chatouille ou les gratouille, suivant les jours. En réalité, elle les obsède. Ils y pensent le matin en se rasant et le soir en se couchant. Elle peuple leurs rêves agités. Parfois, elle les réveille, la nuit, le front en sueur et le souffle court.
Faiseurs d’idoles
Pour eux, journalistes spécialisés, analystes, « politologues » auto-proclamés, la politique n’est guère affaire d’idées ou d’idéologies, elle ne se décline pas à partir de contenus ou de réflexion collective et se doit avant tout d’être incarnée. Aujourd’hui, ils n’ont d’yeux que pour les Edouard Philippe et Gérald Darmanin, ceux qui s’imaginent un destin élyséen et fourbissent leurs armes sans plus se cacher, sans la moindre pudeur. La démocratie présidentielle a fabriqué ce petit théâtre des ambitieux. Ils ne laisseraient leurs places d’observateurs privilégiés pour rien au monde.
Commenter