Reprenons les choses dans l’ordre. La compagnie Air France a fini par fermer la ligne historique qui reliait Clermont à Orly depuis 1961, maintenant, malgré tout, en exploitation, la liaison nettement moins pratique entre Clermont et Roissy. Pour les milieux économiques et institutionnels ne pas avoir de liaisons vers Orly était inconcevable d’autant qu’une étude menée auprès des entreprises de la région a fait ressortir des besoins en particulier chez Michelin et Limagrain. Grâce à la mobilisation institutionnelle, une solution a été trouvée auprès de la compagnie Amélia qui a accepté de reprendre la liaison à son compte, offrant la continuité des services aux abonnées Air-France. Le premier vol a décollé le 2 novembre dernier avec à son bord à peine 25 passagers alors que l’ATR utilisé pour la liaison peut en embarquer 72. Suite à ce premier résultat Claude Barbin, président de CCI a appelé les chefs d’entreprise à utiliser davantage la liaison, expliquant qu’une clause de revoyure est applicable à l’issue des trois premiers mois d’exploitation. Autrement dit faute d’utilisateurs, la ligne pourrait être de nouveau fermée fin janvier et de manière définitive, malgré le soutien institutionnel.
L’écologie et le Covid se sont invités dans la partie
Les trois collectivités composant le SMACFA, le Syndicat Mixte de l’Aéroport de Clermont-Ferrand Auvergne a attribué à Amélia une aide au démarrage de 700 000 euros ce qui n’a pas manqué de faire réagir des élus écologistes attentifs aux dépenses de l’argent public, qui se sont positionnés contre. Ce même syndicat mixte avait déjà mis la main à la poche pour financer les travaux de rénovation de la piste principale. Il est vrai qu’à l’heure où tout le monde s’accorde à considérer le réchauffement comme un problème à régler en urgence, pousser le transport aérien n’est pas vraiment d’actualité. L’État lui-même prône la réduction des lignes intérieures, on se souvient qu’il avait accepté de soutenir le secteur très fortement impacté au début de la crise du Covid en échange des fermetures de lignes entrant en concurrence avec d’autres moyens de transport dont le bilan carbone est plus favorable. Cette même crise du Covid a également démontré que les entreprises pouvaient se passer des déplacements et des réunions en les remplaçant par les visioconférences. D’obligatoire durant le confinement, le recours au numérique est devenu une tendance qui semble durable et qui contribue à faire baisser les besoins en moyens de transport.
Quelle alternative ?
Parler de la ligne aérienne Clermont-Orly donne évidemment matière à évoquer le transport ferroviaire. Le train est une alternative crédible à l’avion quasiment partout en France sauf en Auvergne, et les incidents à répétition sur la ligne SNCF Clermont-Paris ne vont manifestement pas disparaître en 2022. Reste la voiture, pas écologique et fatigante et le bus à condition d’avoir beaucoup de temps. Alors comment favoriser la dynamique économique et l’attractivité d’un territoire paradoxalement central et finalement isolé ? Difficile d’apporter une réponse qui soit en mesure de satisfaire toutes les chapelles. En attendant patiemment des jours meilleurs, Claude Barbin peut légitimement s’inquiéter. Rendez-vous fin janvier pour la revoyure… la fréquentation sera peut être remontée.
Commenter