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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Les paris sportifs ou la gangrène du sport

Contre le dopage, le mouvement sportif s'est organisé. Mais que faire face aux compétitions truquées et aux mafias à l'œuvre depuis l'émergence des paris sportifs?

Le dopage, c’est la recherche d’une performance améliorée, d’un résultat meilleur en faisant fi des règles du jeu. Astérix et ses compères ont trouvé la recette dans leur village d’irréductibles Gaulois. L’un d’entre eux est même tombé dedans lorsqu’il était petit avant de devenir très gros…. Le dopage introduit une forme d’inéquité dans l’éthique sportive. Mais l’équité existe-t-elle finalement dans le monde professionnel où les moyens financiers diffèrent et faussent le jeu sur la ligne de départ, où les méthodes d’entraînement se révèlent différentes en fonction des sommes investies. Et où le physique, lui-même, engendre des différences originelles et naturelles ? Qui peut dire, par exemple, que le championnat de France de football de Ligue 1 est équitable avec un PSG gorgé de l’argent qatari ? Le plus étonnant reste que les diffuseurs télé s’écharpent pour acquérir les droits d’une compétition dont le gagnant est connu à l’avance…

On ne touche pas au football…

Le cyclisme, depuis belle lurette et particulièrement depuis la mort de Tom Simpson sur les pentes arides du Ventoux, porte le chapeau en matière de dopage. Le scandale organisé et étatisé pendant les Jeux-Olympiques d’hiver Sotchi en 2014 a aussi fait grand bruit, jusqu’à entraîner l’exclusion des sportifs russes de nombreux championnats internationaux. Mais l’on sait également que d’autres disciplines, parmi les plus médiatiques, sont touchées sans toujours jouer vraiment le jeu des contrôles. Il y a trop d’intérêt en jeu dans le monde du football pour prendre le risque d’un scandale qui éclaterait sur la place publique. En Espagne, par exemple, le volet ballon rond de l’affaire Puerto fut volontairement étouffé. Quant au rugby, il préfère aussi laver son linge sale en famille.

La négation même de l’esprit de compétition

Si le dopage est un mal qui irradie depuis longtemps le monde du sport (au moins ne nuit-il pas systématiquement au spectacle), que dire-alors- des compétitions truquées? Quand le premier tend vers le plus (même artificiellement), l’autre constitue la négation même de  l’esprit de compétition, le paroxysme du vice, de la tricherie et de la manipulation.

Une affaire rocambolesque

Là aussi, le phénomène n’est pas nouveau. L’affaire VA/OM a, en son temps, défrayé la chronique, avec des « héros » aussi pittoresques que l’intouchable Bernard Tapie et l’intrépide et incorruptible procureur Eric de Montgolfier. Un feuilleton truffé d’épisodes rocambolesques à l’image des billets de banque découverts au fin fond d’un jardin de Dordogne ou la déposition fantaisiste de Jack Mellick…Le mensonge était gros comme une valise remplie de coupures.

L’argent sale

Changement d’époque… L’émergence des paris sportifs a donné une autre envergure et un cadre tout trouvé au phénomène. Aujourd’hui, la lumière est portée sur le tennis où les mises s’effectuent sur chaque jeu, chaque set jusque dans les plus petits tournois « challengers ». Dès 2005, ses dirigeants (ATP et WTA) ont été alertés du phénomène sans trop bouger. Une cellule, le Tennis Integrity Unit, est désormais à l’œuvre, censée surveiller ces sales habitudes qui tendent à se propager.…Le football, bien-sûr, n’est pas épargné, à l’image du match  de Ligue de Champions entre le PSG et l’Etoile Rouge de Belgrade sur lequel pèse de lourdes suspicions. En Ligue 2, l’Olympique Nîmois s’est même trouvé sanctionné (légèrement), en 2014, pour avoir « laissé » tombé une rencontre afin que certains s’en mettent plein les poches. En réalité, les mafias internationales sont à l’œuvre, efficientes, structurées, organisées. Les paris sportifs représentent, pour elles, le moyen idéal de blanchir leur argent. Le ver est dans le fruit…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Il serait temps de boycotter toutes ces manifestations sportives dévoyées par l’argent, que le professionnalisme a détourné la compétition de l’esprit sportif, malheureusement l’éthique et la philosophie ne sont pas les premières qualités des supporters et des sponsors. Votre comparaison au monde politico-économique pourrait inciter les « gilets jaunes » à envahir les stades et s’emparer des recettes… Au plaisir de vous lire.

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