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Les Sales Goss© Danyel Massacrier.
Culture

Les légendes du rock clermontois (épisode 2) : les jeunes pousses

À l’occasion du premier volet de cette saga consacrée aux légendes du rock clermontois, nous avions vu combien à Clermont, comme partout ailleurs, les jeunes gens modernes n’ont pas trainé à prendre les guitares pour se rebeller à défaut de faire la révolution. Retour sur une poignée de groupes essentiels du paysage rock clermontois ayant pris leur envol à l’adolescence.

60’s : Les Geminis, la conquête de l’espace rock’n’roll  

Les Geminis en 1968- photo Jacques Moiroud
Les Géminis en 68- photo DR

C’est en 1965 que Jean-Marc Millanvoye rencontre Jérôme Pietri au lycée Blaise Pascal. Ils ont 16 ans. Jérôme joue déjà dans un groupe de copains avec Jean-Denis, Gérard, Jacques et, un peu plus tard, Daniel. Jean-Marc devient le chanteur des Geminis, nom provenant du programme spatial américain en cours. Hors de question de chanter en français. Leur répertoire est composé de reprises (Kinks, Yardbirds, Stones, Animals, très peu de Beatles). Les deux guitaristes et le bassiste jouent sur un seul et même ampli pour débuter. Le matériel est onéreux. Ils s’équipent modestement chez Rey Musique et ne vont chez Connen place de Jaude que pour acheter des disques et mater les vendeuses. Ils répètent aux “4 routes” dans un local prêté par le curé de Champradet. Jérôme Pietri se fait renvoyer de Blaise Pascal le jour où un de ses profs apprend qu’il joue de la guitare électrique. Sacrilège ! Forts de nombreux concerts dans la région, c’est leur première partie des Moody Blues époque Nights in White Satin au Casino de Royat le 2 mars 1968 qui reste la plus notable. Puis arrive mai 68, les centres d’intérêt sont tout autres et les Geminis s’arrêtent là. Mais 55 ans après, Jean-Marc Millanvoye chante toujours avec les Innommables et la carrière de notre vénéré bluesman Jérôme Pietri se poursuit avec succès.

Les Sales Gosses © Danyel Massacrier.

70’s : Les Sales Gosses n’ont pas brûlé leur lycée.

Christophe Adam a 14 ans quand il monte Les Sales Gosses en 1976. Après avoir découvert le rock’n’roll anglo-saxon, vient le tour de Téléphone et Jacques Higelin grâce aux grands du lycée de Montferrand. Des leaders vêtus de cuir qui sensibilisent les lycéens à l’action politique et leur inoculent la passion de la musique. À leur contact, Christophe Adam s’émancipe. Il se rebelle contre le lycée, les profs, le directeur et ce con de surgé. Les paroles des Sales Gosses peuvent se résumer d’un lapidaire “je vais brûler mon lycée”, tout un programme. L’époque étant très permissive, Christophe n’a que 14 ans quand il s’échappe trois jours à Londres. Il découvre ce truc pas encore arrivé chez nous, le punk. Toujours en 76, sa mère l’inscrit au club de ski présidé par Pierre-Yves Denizot qui commence à organiser des concerts. Ce sont les débuts d’Arachnée. La connexion est faite. Ça permet aux Sales Gosses de faire la première partie de Status Quo en février 1977 à la Maison des Sports, leur fait d’armes le plus notoire.

80’s : Fafafa fait circuler les Rumours 

Fafafa- photo D.R.

Les Sales Gosses durent 2 ans et demi. Jean-Louis Murat initie Christophe Adam au rhythm’n’blues et la soul. En 1980, c’est la découverte du reggae, The Clash et les musiques sud-américaines. Christophe crée Armée Rouge. Mais de nombreux concerts sont annulés faute au nom quelque peu polémique. Accompagnant Jean-Louis Murat au MIDEM à Cannes, Christophe fait écouter un enregistrement d’Armée Rouge à Nino Ferrer. Nino Ferrer adore mais lui conseille vivement de changer de nom.

Les quatre membres d’Armée Rouge se rendent à un concert au Resto U à Clermont où ils entendent pour la première fois en live du zouk, du reggae et de la rumba congolaise. Ils découvrent une ambiance de folie, où tout le monde danse. Ils demandent au batteur du groupe s’il ne veut pas les rejoindre. C’est l’entrée du regretté Anaclet Nanitelamia dans le circuit rock clermontois. En 1981, Armée Rouge devient Fafafa, titre d’une chanson d’Otis Redding. Christophe est en pleine période Marvin Gaye, Meters, Lee Dorsey. Fafafa fait un premier 45 tours pour Spliff Records puis va à Londres enregistrer un maxi avec les cuivres des Rumours, le groupe de Graham Parker, excusez du peu. De 1982 à 1987, Fafafa est la star régionale, statut qui ne dépasse pas les limites de la région et qui finit par avoir raison du groupe.

Subway @ Guillaume Trouvé.

90’s : Subway, groupe de rock, pas groupe de filles.

L’histoire de Subway débute en Lozère. Les sœurs Julien, Sarah et Samantha, découvrent le rock avec les Rolling Stones, les Beatles et Led Zeppelin. Samantha a 12 ans et Sarah 14 quand leur mère les emmène voir Indochine au Zénith de Montpellier en 1987 avec leur copine Rachel Amal. Sarah a une guitare acoustique, Samantha un tambourin et Rachel se fait payer une basse par ses parents. C’est la naissance de Subway en 1989. Le répertoire est composé de reprises des Beatles, Texas, Led Zep, AC/DC. Sarah débute ses études à Montpellier. La ville ne lui convient pas, elle déménage pour Clermont en 1993, l’année du bac pour Samantha qui rejoint sa sœur. Au fil des changements de personnel, Subway reste 100 % féminin, plus par concours de circonstances que par affinité même si à force, quand elles recrutent une nouvelle chanteuse ou une nouvelle musicienne, leur choix s’oriente toujours vers une fille. Leurs modèles restant les Runaways et Joan Jett. Pour autant, c’est un groupe de rock, pas un groupe de filles. Elles le revendiquent. Elles sortent leur premier album en 1996. Jean-Louis Murat les prend sous son aile et les emmène en tournée avec lui. Le public de Murat tire une drôle de tronche quand Subway reprend Pretty Vacant des Sex Pistols. Les différentes majors compagnies qui s’intéressent au groupe depuis un moment parviennent à le faire chanter en français malgré des années de résistance. Subway finit donc par signer sur Mercury, sort de remarquables albums, mais ça ne prend pas. Forcer à abandonner l’anglais pour le français aura finalement eu raison du groupe qui cesse ses activités fin des années 2000 sans jamais avoir vendu son âme au diable.

2000’s : The Elderberries, it’s a long way to the top (if you wanna rock’n’roll)  

The Elderberries @ Jean-Charles Belmont..

C’est dans la classe internationale du collège Massillon que ces enfants de collaborateurs Michelin se rencontrent. Ils ont 14 ans. Trois Anglais et un Canadien. En 2003, Chris Boulton, Ryan Sutton et les deux frangins, Jamie et Tom Pope, vont voir les Datsuns à La Coopé, c’est la révélation. Ils montent le groupe et donnent un premier concert sans batteur. Yann Clavaizolle les voit et propose ses services. Ça tombe bien, le père de Yann est musicien et producteur, il a son propre studio à Cournon et la mère de Yann va se charger de toute la partie logistique par le biais de sa propre structure, Sophiane Productions. Les Elderberries draine un public collégien et lycéen important à chacun de leurs concerts. Leur grosse activité sur les réseaux sociaux se charge d’amplifier le buzz. Leur premier album sonne gros rock 70’s, il sert de bande-son au film pour ados Hellphone réalisé par James Huth, réalisateur de Brice de Nice. Malheureusement pour les Elder, Hellphone est un four commercial. Qu’importe, ils continuent, réalisent deux autres albums et puis s’en vont au début des années 2010 non sans avoir écumé les scènes françaises. Le groupe renaît épisodiquement sous le nom de The Elders.

Cliquer pour retrouver le premier épisode des « Légendes du rock clermontois ».

À propos de l'auteur

Patrick Foulhoux

Journaliste et grand amateur de musique rock, Patrick Foulhoux a collaboré pendant de nombreuses années avec des magazines consacrés à la musique (Rollling Stone, Rock Sound, X-Rock...) et des titres de la presse de territoire. Sa passion pour le Rock l'a conduit à devenir directeur artistique de labels, tourneur, manager, organisateur de festival et écrivain.

1 Commentaire

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  • Bonjour, je dirais que notre fait d’armes le plus notoire, je parle des « sales gosses », fut pour nous la première partie de « Starshooter » à la Fac de Lettres de Clermont Fd où la on a joué une heure devant un public déchainé qui nous appréciait et non pas à la maison des sports où l’on s’est fait massacrer d’une part par le son et d’autre part par le public qui bien sur était venu pour le groupe vedette de la soirée.
    Bien cordialement
    DoWi

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